Critique : Hell Driver

 

Un film de Patrick Lussier. Avec Nicolas Cage, Amber Heard, William Fichtner. Sortie le 23 mars 2011.

 

Nicolas Cage trace sa route et tire dans le tas dans cette série B ultra décérébrée. L’Enfer sur Terre ? Pas sûr

 

Note : 3/5

 

Nicolas Cage nous avait déjà fait le coup du badass enflammant le bitume pour aller péter des tronches dans le très mauvais Ghost Rider. Quelques nanars et autres productions Disney plus tard, « Nico la moumoute » revient pied au plancher pour montrer qu’il en a dans le moteur ! A la différence près qu’ici l’acteur troque les bottes du héros Marvel contre celles de John Milton, salopard de première échappé des enfers pour aller récupérer sa petite fille enlevée par des satanistes décalqués du bulbe ! Vendu comme ça Hell Driver a tout du DTV destiné à grossir les étagères d’un Vidéo Futur à St Denis. Ce serait vite oublier que le neveu de Coppola est peu coutumier du fait (hormis Deadfall en 1993 mais ça ne compte pas c’était pour faire plaisir à la famille !) en dépit d’une filmographie aussi fourre-tout que capilairement fournie ! Moins cabotin qu’à l’accoutumée, l’acteur abandonne les sempiternels regards de cocker sexuellement abusé pour un jeu plus en décalage. Multipliant les poses iconiques (la bière dans un crâne humain c’est trop la classe !), le comédien prend un plaisir évident à jouer les vengeurs d’outre tombe !

 

Nicolas Cage dans Hell Driver de Patrick Lussier

 

A ses cotés, l’affolante Amber Heard dégage un sacré sex appeal et nous fait tourner la tête entre deux fuck balancés avec l’accent fleuri du Sud. Bad girl à l’état pure, l’ex Mandy Lane demeure d’une cohérence absolue avec cet univers buriné où chacun en prend plein la tête. Face au duo de choc Cage/Heard, William Fichtner (le méchant flic de Prison Break) bouffe littéralement l’écran en bras droit du Diable. Aussi décontracté que faire se peut, l’acteur apporte une ironie mordante en adéquation totale avec l’esprit frappadingue du film. Une douce folie qui semble contaminer des personnages tous plus tarés les uns que les autres, du gourou stoïque et mégalo aux flics à la gâchette facile en passant par des serveuses aussi entreprenantes que peu pudiques ! Dans une autre vie, Hell Driver aurait très bien pu faire office de remake US de Bienvenue chez les Ch’tis. Pas sûr cependant que Dany Boon aurait apprécié de voir ses ch’tis remplacés par des consanguins bercés trop près du mur !

 

Amber Heard dans Hell Driver de Patrick Lussier
Amber Heard dans Hell Driver de Patrick Lussier

 

Mais alors que manque t il a ce chauffeur infernal pour atteindre les cimes de la jackasserie cinéphilique ? Peut être bien un réalisateur à la hauteur de son aura hautement décomplexée.  Ex monteur de Wes Craven, le réalisateur Patrick Lussier se traine de sacrées casseroles depuis son premier film ciné Dracula 2001, naveton anthologique dans lequel Gerard Butler incarnait un Dracula karatéka tout de cuir vêtu. Si son remake gentiment neuneu de My Bloody Valentine lui aura permis de se lâcher un peu plus en ne lésinant pas sur les mises à morts grotesques et les jolis full frontal, force est de reconnaitre que sa mise en scène demeure un poil trop sage. Et ce, en dépit d’une 3D judicieusement pensée pour en mettre plein les yeux à grands coups d’objets contendants et autres morceaux de barbaques jaillissant de l’écran. Rompu au procédé, Lussier l’utilise de manière « ludique » privilégiant l’aspect spectaculaire à tout coté immersif. Comprendre par là qu’à défaut de servir la narration, la 3D accentue le cachet rollercoaster de l’ensemble ! Dès lors on ose imaginer ce qu’aurait donné la chose entre les mains de sales gosses comme le duo Neveldine/Taylor (occupé sur… Ghost Rider 2 !). Las, il faudra ici se contenter d’images assez moches où la HD trahit la sur utilisation de fonds verts alliées un montage qu’on jurerait prodigué par un personnage d’Happy Feet ! On pourra toujours se consoler en se disant que la forme, plutôt cheap, sert les velléités bassement crétines de l’entreprise ! Violent, gore, bas de plafond… Hell Driver est en définitive tout ce que Ghost Rider n’est pas : un condensé de connerie qui a « l’intelligence » de s’assumer comme tel. Et rien que pour ça, Nico et sa nouvelle coupe de cheveux méritent toute notre sympathie.

 

Pure bobine d’exploitation, Hell Driver sent bon l’asphalte cramé et la grindhouse attitude. Hell yeah !