De Philippe le Guay. Avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa. Sorti depuis le 16 janvier 2013.
Qu’est-ce qui se passe quand on enferme deux acteurs quinquas dans une pièce et qu’on leur donne le même rôle à jouer ? Réponse dans le dernier film de Philippe le Guay.
Note : 2/5
Côté cour, il y a Gauthier Valence (Lambert Wilson), plus connu sous le nom du Docteur Morange, le chirurgien qu’il incarne dans la série télévisée à succès du même nom, adepte des cols roulés et des projets ambitieux. Côté jardin, nous avons Serge Tanneur (Fabrice Luchini), ancien comédien lassé par les aléas d’un métier corrompu, savourant une retraite paisible et isolée sur l’île de Ré. Partisan du foulard en soie et de la mauvaise foi, c’est avec une surprise non feinte qu’il va voir débarquer sur sa propriété son ami Gauthier. Ce dernier propose à Serge de revenir sur le devant de la scène, et pas n’importe laquelle : celle du théâtre pour jouer Le Misanthrope de Molière, une de ses pièces préférées. Réticent d’abord, hésitant ensuite, Serge donne à Gauthier une semaine pour le convaincre. De lectures en répétitions, les deux hommes vont s’affronter autour des répliques, des rôles, et même des femmes, le tout dans le cadre bucolique de l’archipel charentais. Mais sauront-ils se défaire assez de leur misanthropie pour monter sur les planches… ?Après Les Femmes du sixième étage et Le Coût de la Vie, Philippe le Guay retrouve Fabrice Luchini dans une comédie légère dont l’idée originale du scénario semble provenir d’un délire perso entre le réalisateur et le comédien. Mélanger théâtre, cinéma et télévision autour de deux egos surdimensionnés qui font du vélo dans la campagne française, en voilà un projet loufoque.

C’est bien là le souci majeur d’Alceste à Bicyclette : les paysages sont certes agréables, les vers sont certes bien déclamés, mais mis à part les fans inconditionnels de Luchini, de Molière, de Wilson ou des trois à la fois, difficile de déterminer quel public va être intéressé par les frasques de ces deux protagonistes. Pourtant il faut reconnaître que le scénario s’efforce d’étoffer l’intrigue et les possibilités d’identification du spectateur, introduisant par exemple une présence féminine mature dans la figure de Francesca, centre d’intérêt romantique potentiel, ou encore avec Zoé, caution teenage et humoristique, qui contribue à baisser la moyenne d’âge du film. Mais ces points de fuite ne suffisent hélas pas à captiver totalement l’attention du spectateur, et même si Fabrice Luchini est excellent dans sa diction tant quand il s’emporte contre Lambert Wilson que quand il joue Alceste, l’ennui prend le pas sur le divertissement au bout de la moitié du film, et le dénouement, aussi judicieux qu’il soit, vient un peu tard pour réveiller l’intérêt. On retiendra les paysages baignés de lumière de cette île de Ré qui semble faire un retour en force dans le cinéma français en 2013 (Gérard Lanvin s’y promène aussi dans Amitiés Sincères qui sortira le 30 janvier), et deux jolies gamelles à bicyclette : une pour chacun, pour ne pas faire de jaloux. Mais à cette guerre d’egos, on préfèrera une vraie lecture de la pièce de Molière.
Une comédie légère en forme de délire perso, mais qui manque un peu de contenu : c’est un peu court, jeune(s) homme(s) !