Critique : Avengers – L’ère d’Ultron

 

Un film de Joss Whedon. Avec Robert Downey Jr, Chris Evans, Scarlett Johansson. Sortie le 22 avril 2015.

 

 

Bigger, louder mais surement pas better, Avengers 2 en met plein la vue mais tourne à vide. Dommage !

 

Note : 2/5

 

En 2012 , Avengers détonnait dans un univers Marvel en voie d’uniformisation : en état de grâce, Joss Whedon avait su extraire le meilleur d’Iron Man, Captain America ou Thor (pour ne citer qu’eux) pour accoucher d’un modèle de blockbuster généreux et décomplexé. Trois ans plus tard on prend les mêmes et on recommence pour un résultat… nettement moins convaincant ! Alors que le premier Avengers était parvenu à dérouler des enjeux suffisamment colossaux pour justifier la mise en place de son « amicale super-héroique » tout en réussissant à combler fanboys et aficionados, ce second opus en pilotage automatique total ne semble mu que par la seule ambition de verser dans le fan service à outrance histoire de justifier une politique éditoriale relevant plus que jamais de l’opération marketing au long cours. Il vous sera ainsi bien difficile de prendre le train en marche si vous n’êtes pas précédemment passé par toutes les étapes imposées par Marvel des récentes aventures de Captain America au prologue comics de L’Ere d’Ultron en passant par la série Agents of S.H.I.EL.D. Marvel a pensé à tout pour que vous ne pensiez à rien pendant les deux longues heures et demie d’Avengers 2. Attendez vous donc à une enfilade de blaguounettes potaches et autres œillades répétées visant à dissimuler les écueils d’une intrigue à l’ambition proportionnellement inférieure au budget du film. Après les extraterrestres belliqueux, notre troupe de super potes affronte Ultron, un robot surpuissant, fruit des folles expériences de Tony Stark. Un défi à la hauteur des Avengers ? Pas vraiment tant Ultron manque singulièrement de charisme et de motivations claires pour faire office de réel ressort dramatique. Ici, le bad guy électronique sert de prétexte à Marvel pour poser les jalons de ses futures productions en esquissant de très artificiels liants.

 

© Marvel/Disney
© Marvel/Disney

 

Visiblement conscient du caractère limité de son intrigue, Whedon bouche les trous d’une narration en dents de scie en multipliant les tours de passe passe à base de grosses artillerie pyrotechnique, auto citations à outrance et autres side stories totalement inutiles. Traduction : Avengers 2 n’existe que par et pour ses moments totalement voués à la cause des fans sans jamais s’affranchir d’un cahier des charges beaucoup trop gargantuesque pour véritablement intéresser. Une sorte de maxi best of indigeste qui par manque de fluidité et de cohérence a bien du mal à passer. Ca parle beaucoup, ça voyage un peu et ça défouraille à tout va mais rien ne semble vraiment faire sens tant les enjeux dramatiques sont absents. A commencer par l’antagonisme Captain America/Iron Man qui n’augure en rien de l’affrontement qui donnera naissance aux évènements de Civil War. Ici les chamailleries entre les deux hommes tournent rapidement à vide pour ne rien raconter… un peu à l’image d’un film qui fait beaucoup de bruit pour pas grand chose. Au fond, ce qui dérange dans Avengers 2 ne réside pas tant dans sa propension à dérouler de superbes écrans de fumée pour épater la galerie que dans son caractère brouillon et approximatif. Whedon ne sait pas quoi faire de ses personnages et agite sa caméra en espérant faire feu de tout bois. Un parti pris à double tranchant car si le film réserve son lot de séquences mémorables et autres morceaux de bravoure dantesques c’est au détriment d’un certain nombre de personnages littéralement sacrifiés (Scarlet Witch, Quicksilver, la Vision) quand d’autres font péniblement leur show. Il faudra alors attendre une dernière partie littéralement aérienne pour qu’Avengers 2 procure un réel plaisir malgré un manque de lisibilité certains dans les scènes d’action. En définitive : les fans en attente de poses iconiques à outrance en auront pour leurs frais tandis que les autres risquent de sortir totalement vidé de ce gloubliboulga numérique et dramatique décochant des flèches un petit partout sans jamais vraiment faire mouche.

 

 

Avengers 2 est à Avengers ce qu’Iron Man 2 était à Iron Man: un succédané paresseux et beauf ayant bien mal digéré les leçons de son grand frère.