Critique : Avengers

 
Un film de Joss Whedon. Avec Robert Downey Jr, Chris Evans, Scarlett Johansson. Sortie le 25 avril 2012.

 

Marvel prend ses super héros par les cornes et vous invite à une réunion de famille pas comme les autres. Ca va secouer !

 

Note : 4/5

Joss Whedon a t il réalisé le film de super héros ultime ? C’est la question qu’on peut se poser devant Avengers qui réunit la crème des héros Marvel ayant envahi nos écrans depuis près de cinq ans. Cinq ans que l’usine à héros nous tease sur ce rassemblement à grands coups de clins d’œil égrainées au gré de mini séquences post génériques. Cinq longues années où le spectateur aura été pris en sandwich entre belles surprises (Captain America) et vrais coups de gueules (Iron Man 2). Et alors qu’on croyait Stan Lee et Kevin Feige totalement largués face à la puissance DC, l’année 2011 est venue inverser la tendance. Il faut dire que le combat était inégal entre Thor,  X-Men : le commencement et Captain America d’un coté et le poussif Green Lantern de l’autre. Cette année donc le match devrait s’avérer plus serré puisque face au méga attendu The Dark Knight Rises, Marvel a sorti l’artillerie lourde… et quelle artillerie ! Car oui, même si beaucoup n’en attendait pas grand chose, Avengers se révèle être en fait LE film de super héros que nous attendions tous : celui fait de bruit et de fureur et dont l’ampleur n’a d’égale que l’aura super héroïque de ses protagonistes. Alors enfilez vos collants et n’oubliez pas votre marteau car la réunion de famille risque d’être sacrément mouvementée !

 

Chris Evans et Liam Hemsworth dans The Avengers de Joss Whedon
© Marvel

 

Réunion de famille… un terme qui prend ici une tournure somme toute spéciale puisqu’elle convoque tout un pan de la pop culture. A l’image des membres d’une famille, l’équipe des Avengers n’hésite pas à se prendre la gueule. A la différence près que dans le cas présent les dits affrontements ressemblent davantage aux Superstars du catch qu’à Festen ! Imaginez un peu ce que peut donner un affrontement entre Captain America, Iron Man et Thor. Oui ça fait très mal comme vous le démontrera une séquence  à forte teneur en testostérone. A l’image de cette séquence, Avengers frappe vite et fort. En fait la réussite du film de Whedon tient à une conjugaison d’éléments comme autant de  clins d’œil adressé aux fans.  En fait, le papa de Buffy semble avoir parfaitement retenu les leçons des précédentes productions Marvel en expurgeant chacune d’entre elles de ses défauts pour mieux en garder chez chacun la substantifique moelle. Il en résulte une longue et belle lettre d’amour écrite en lettres geek. Par sa générosité et sa propension à user sciemment de chacun de ses atouts , Avengers nous venge (attention blague) de cinq années de frustrations suprêmes où le spectateur attendait bien patiemment LA séquence qui le ferait bondir de son fauteuil et l’aurait propulsé instantanément dans les pages glacés d’un comics. Bonne nouvelle : des moments comme ça, le film en contient à la pelle ! En accordant autant d’attention à ses personnages qu’aux scènes d’action, Whedon touche à la quintessence du blockbuster. Il en résulte un dosage savoureux de ceux que l’on obtient de plus en plus rarement.

 

Scarlett Johansson dans The Avengers de Joss Whedon
© Marvel

 

A contrario donc de ses ainés, Avengers arbore le surplace et préfère creuser davantage des thématiques déjà évoquées dans les précédents films. Mieux encore : chaque personnage atteint une strate supplémentaire dans son cheminement en tant qu’héros sans jamais tomber dans la redite. Ainsi Captain America accepte enfin son statut de leader, Thor gagne ses galons de défenseur de la Terre , Hulk n’a jamais paru aussi bestial et beau ( au point qu’on pense forcément au cinéma de Del Toro) tandis qu’Iron Man gagne en maturité sans jamais perdre de sa gouaille. Et alors qu’on aurait pu craindre que ce dernier pique la vedette a ces petits copains, le métrage parvient à mettre tout le monde sur un même pied d’égalité en laissant à chacun l’occasion de briller au cours d’une ou plusieurs scènes. Une sacrée performance pour un film réunissant pas moins de six personnages principaux autour desquels gravite un septième larron en la personne de Nick Fury. Généreux et sincère comme rarement un blockbuster l’est, le film a l’intelligence d’entrecouper ses séquences d’action pour mieux construire une dramaturgie jamais superflue. Whedon crée ainsi une vraie dynamique au sein d’un ensemble qui aurait pu facilement se révéler ronflant entre les mains d’un Tim Story. Car s’il y a bien une leçon qu’il semble avoir retenu de ses petits camarades c’est que la parlotte n’est pas vraiment le fort de nos héros. Fini, le blabla place à l’action !

 

Chris Evans et Robert Downey Jr dans The Avengers de Joss Whedon
© Marvel

 

Et en l’occurrence il faut bien admettre que le résultat nous en donne largement pour notre argent voire bien plus. Non, le terme n’est pas galvaudé et surtout pas au regard des précédentes productions Marvel. Peu avare en la matière, Avengers ne fait pas dans la dentelle grâce à d’emballantes séquences d’actions calculés au millimètre près. Comprendre par là que le film sait précisément où il va et ne souffre d’aucune baisse de rythme. Pas un mince compliment pour un film avoisinant les 140 minutes. Malin,  Avengers monte graduellement en puissance pour mieux atteindre des cimes lors d’un final dantesque. Enorme morceau du métrage, ce final apocalyptique enquille les démonstration de force avec une métronomie étourdissante. Par son découpage, son ampleur et surtout sa lisibilité, il enterre bien profondément l’épuisante heure finale de Transformers 3 et prend ainsi la forme d’une véritable leçon de cinéma (doublée d’un bon gros doit d’honneur) adressée à Michael Bay. Une dernière partie qui n’est pas sans rappeler celle du Retour du Roi à laquelle Whedon emprunte la dimension grand spectacle et l’amour pour le travail bien fait. Le secret ? Une générosité et une sincérité qui se ressentent à chaque plan de cet ultime et o combien jouissif combat final. Une sorte de baroud d’honneur qui récompense justement les fans pour ces cinq années de patience et parfois même de frustration. Si Whedon avait effectué un travail correct (bien que souvent conspué) sur Serenity, personne ne s’attendait à le voir livrer le blockbuster ultime ! Comme quoi il faut toujours se méfier des préjugés ! Ami geek réjouis toi : tu as enfin le film dont tu rêves ! En attendant que The Dark Knight Rises redistribue les cartes,  Avengers  saura galvaniser les fans et leur redonnera confiance en un sous genre souvent sous exploité.

 

Fantasme absolu couché sur pellicule, Avengers nivelle les productions vers le haut et représente le meilleur comics live qui nous ait été donné de voir sur grand écran. Rien que ça !