Un film de Peter Berg. Avec Taylor Kitsch, Liam Neeson, Rihanna. Sortie le 11 avril 2012.
Après un passage au film de super héros et un film de guerre gonflé à bloc, le réalisateur Peter Berg relève le défi de mettre en images un scénario tiré du célèbre jeu de société la Bataille navale. Touché-coulé ? Immersion.
Note : 3/5
Tout le monde sur le pont ! Hollywood continue à chercher un nouveau filon à travers des adaptations « nouveaux genres ». Après l’attraction d’un parc à thèmes (Pirates des Caraïbes), les jouets de guerre (Transformers, G.I Joe) ou les super-héros de comic-books, place au jeu de société. C’est un pari fou et insensé sur le papier mais qui a l’avantage de pouvoir donner libre court à l’imaginaire de scénaristes (Erich et Jon Hoeber) et à la vision d’un réalisateur (Peter Berg)…en théorie. Sauf que nous sommes à bord d’un projet destiné et calibré pour un public jeune. L’introduction du personnage principale, Hopper (Taylor « John Carter » Kitsch), est d’ailleurs l’occasion d’une parodie d’une vidéo Youtube d’un vol de supermarché maladroit. Ajoutez à cela, des images contrastées, clinquantes de « flares », de belles américaines et une bande-son rock tendance, enchaînée souvent à tour de bras, le film semble déjà vu et peut commencer à agacer. Mais après une petite demi-heure, les choses « sérieuses » commencent. L’irresponsabilité et la stupidité de Hopper sont mises à mal par son frère qui l’enrôle dans la Navy pour son plus grand bien (et le nôtre). C’est donc l’occasion pour le réalisateur de Friday Night Lights de mettre en lumière, avec respect, la marine américaine ainsi que d’installer de nouveaux personnages dont le japonais Nagata (Tadanobu Asano) avec qui Hopper devra faire équipe. On ne pourra pas détourner les yeux de la belle Raikes (Rihanna, bien investit dans son rôle de jeune recrue baroudeuse), un des atouts charmes du film qui , avec la promise de Hopper, Samantha (Brooklyn Decker), représente l’unique gent féminine au milieu de toute cette testostérone. Quant à Liam Neeson, ses brefs passages lui permettent d’incarner un père et un officier supérieur rigide sans risques. Mais tout cela fait-il de Battleship, le blockbuster bourrin qui change la donne ? Pas tant que cela.

Le réalisateur d’Hancock a beau se déjouer d’éléments de patriotisme forcés et d’évoquer sa passion pour la marine (qu’il a depuis son enfance) en insistant sur le respect des vétérans et des estropiés (des ressorts scénaristiques et de mise en scène bien amenés), le film ne repose finalement que sur les échanges surenchéris de tirs de cuirassés terrestres et extra-terrestres. Alors oui, le film s’appelle cuirassé (Battleship) et il reste néanmoins l’aventure humaine entre les américains et les japonais mais il manque aussi cruellement de véritables antagonistes. Les scénaristes de Red auraient pu réellement donner vie aux aliens ; outre leur apparence humanoïde à barbichette sous combinaison digne d’un jeu vidéo FPS et un destin à puiser toutes nos plus fortes ressources d’énergie. Néanmoins, Peter Berg assume son projet en tant que tel et le dynamise à bon escient (avec en prime un superbe plan-séquence avec effets numériques). Battleship pourra plaire aux fans de séries B d’action made in USA mais également les laisser sur leur faim. Et pour peu que l’aventure vous ait plu, restez jusqu’à la fin du générique, une surprise vous attend. A vos postes moussaillons !
Calibré comme un Transformers, Battleship en est une version allégée que les amateurs de films d’action bourrin US apprécieront s’ils ne sont pas trop exigeants.