Critique : Camille redouble

Un film de Noémie Lvovsky avec Noémie Lvovsky, Samir Guesmi, Yolande Moreau. Sortie le 12 septembre 2012.

 

Habituée des seconds rôles, Noémie Lvovsky se donne ici le rôle principal de ce film un brin nombriliste, éternelle réflexion sur la fuite du temps et du passé, sympathique mais longuet.

 

Note : 2,5/5

 

 

Camille a tout raté ou presque dans sa vie : un mari qui la quitte pour une jeunette, une carrière d’actrice de seconde zone ou bien encore un sérieux penchant pour la boisson. Le soir du 31 décembre, alors qu’elle se débarrasse de son alliance, elle tombe dans le coma et se réveille vingt-cinq ans plus tôt, adolescente. On reconnaît là l’idée de départ de beaucoup de films, de retourner dans le passé pour essayer de changer quelque chose à sa vie future où tout simplement revivre une période définitivement effacée : L’Effet Papillon, 17 ans encore, Peggy Sue s’est mariée, etc. Point d’originalité donc dans le scénario et c’est ici que le bât blesse. En effet, on a du mal à voir où le film veut en venir. Camille va-t-elle tenter de renouer les liens avec son mari lors de leur rencontre au lycée et orienter leur relation différemment ? Cherche-t-elle à tomber amoureuse d’un autre ? Veut-elle éviter à sa mère de mourir prématurément ? Deux longues heures pour nous dire quoi ? On ne sait pas trop. Présente dans toutes les scènes, symptomatique d’un film égocentré, Noémie Lvovsky, est certes comme d’habitude pétillante et fraîche, mais semble se perdre un peu dans ce méandre scénaristique où se croisent des personnages hauts en couleurs. Véritable point fort du film, ces personnages drôles et/ou émouvants sont remarquablement interprétés.

 

© Gaumont Distribution

 

On retrouve pêle-mêle les deux « beaux gosses », Vincent Lacoste et Anthony Sonigo, quelque peu cantonnés au type de rôle qui les a rendus célèbres. L’ombre des Beaux-Gosses plane d’ailleurs sur ce film, puisque son réalisateur Riad Sattouf fait une brève apparition dans la séquence du pré-générique. Rappelons aussi que Noemie Lvovsky interprétait la mère de Vincent Lacoste dans le film de Riad Sattouf. Elle a la reconnaissance du ventre donc et c’est ce qui donne cette image de « film d’amis » à Camille Redouble. Noemie Lvosvky s’est fait plaisir en invitant des « guests stars » comme Matthieu Amalric, hilarant (le seul ?) dans son rôle de professeur de français pervers, Jean-Pierre Léaud en horloger un peu fou et Denis Podalydès en professeur amoureux.  Mais on retiendra surtout la Yolande Moreau new look, dans le rôle de la mère, qui offre une performance touchante et tout en retenue et qui confirme tout son talent, capable de nous faire rire aux éclats dans Louise Michel et de nous émouvoir ici.

 

La qualité de la distribution ne fait pas oublier les hésitations du scénario. S’il y avait eu un bac pour réalisateurs, Noemie Lvovsky l’aurait obtenu de justesse. Pour la mention, on repassera plus tard.