Critique : Cars 2

 

Un film de John Lasseter et Brad Lewis. Avec les voix originales de Owen Wilson, Larry The Cable Guy, Michael Caine. Sortie le 27 juillet 2011.

 

Les attachants bolides de Cars reviennent dans une suite aux antipodes de ce que nous avait offert Pixar jusqu’ici. Le début de la fin ? Même pas !

 

Note : 4/5

 

Après  vingt cinq ans de bons et loyaux services au panthéon de l’excellence, les petits génies de Pixar allaient-ils enfin flancher et se laisser aller à plus de facilité ? Quel film sonnerait le glas de l’indéboulonnable studio ? Surement pas Cars 2. Car si ce dernier est certainement l’un des faits d’armes les plus mineurs du géant de l’animation, il reste un bon cran au dessus de la concurrence. Loin de nous l’idée de fustiger Dreamworks – seul challenger vraiment sérieux de Pixar- mais force est de reconnaître que son palmarès en dents de scie peine à tenir la distance en dépit des indéniables réussites que furent Dragons ou le récent Kung Fu Panda 2. Non, le succès de Pixar ne tient pas dans le recyclage de recettes prémâchées pour gamins trop gâtées, mais dans sa propension à humaniser ce qui ne peut l’être à fortiori, à insuffler la vie dans ce que d’autres utiliseraient comme simples accessoires. Une audace folle et une tendresse immodérée, voilà ce qui assure aujourd’hui la pérennité de Pixar. Dans l’absolu rien de tout cela ne se retrouve dans Cars 2 où l’accent est avant tout mis sur l’action et l’humour.

 

© Disney/Pixar

 

C’est peut-être bien cet aspect qui déconcertera les pixarophiles désormais habitués à verser leur petite larme chaque année. Disons le d’emblée : Cars 2 ne possède pas la puissance émotionnelle de ses illustres ainés. Plus kid et moins mature dans son approche que Toy Story 3 ou Wall-E (pour ne citer qu’eux) cette suite se veut une parenthèse dans une filmographie plutôt versée dans l’introspectif et le réflexif. Qu’à cela ne tienne, c’est pas parce qu’on fait dans le mainstream qu’il faut se relâcher pour autant. Alors que Cars premier du nom rendait prêtait allégeance au cinéma de John Ford, son petit frère, lui, aurait plutôt tendance à rendre hommage à Ian Flemming et son célèbre espion au service secret de sa Majesté. Une référence loin d’être superficielle tant Cars 2 reprend à son compte tous les codes inhérents au genre pour mieux dérouler un récit très bondien à base de gadgets délirants, courses poursuites effrénées et autres méchants mégalos voulant contrôler le monde ! De fil en aiguille Cars 2 trace gentiment sa route pour devenir un pur film d’espionnage et ponctue son tour du monde d’un bestiaire automobile riche en surprises !

 

© Disney/Pixar

L’occasion donc pour Lasseter de  truffer son film de clins d’œil tout en l’irriguant d’un humour bon enfant mais jamais crétin. Car si Cars 2 est avant tout destiné aux plus jeunes, il a toutefois l’intelligence de ne jamais prendre son jeune cœur de cible pour des imbéciles. Ainsi, Martin, propulsé nouveau héros malgré lui, tient ici plus d’une version quatre roues de Max la Menace que d’un Kung Fu Nanny supposé calmer les mômes avec ses acrobaties. D’aucuns le trouveront agaçant à l’image d’un Jar Jar Binks qui se serait tapé l’incruste chez Disney. Ce serait vite oublier que la bande à Lasseter n’a pas pour habitude de faire dans le gag gratuit et facile ! Comprendre par là qu’aussi neuneu soit son nouveau protagoniste, ses péripéties ne sont jamais prises de haut mais auraient plutôt tendance à appuyer son caractère profondément atypique. Car si il y a bien une chose qui n’a pas changé chez Pixar c’est la profonde tendresse entretenue pour des personnages diablement attachants. Cars 2 a beau faire dans « l’action pour les 7 à 77 ans », il n’oublie jamais ses bolides et se pare d’un discours touchant sur l’amitié, beaucoup plus prégnant que celui très neuneu sur le droit à la différence. Dès lors on se dit que même en mode mineur, Pixar reste un bon cran au dessus de toute la production animée actuelle et  trouve toujours le moyen de nous émouvoir. Cars 2 ou une certaine idée du dérapage (très) contrôlé !

 

P.S. : On ne saurait trop vous recommander de voir le film en version originale, le doublage français se montrant ici étonnamment insipide !

 

Si Cars 2 est certainement le plus faiblard des Pixar, force est de reconnaître qu’il témoigne d’un perfectionnisme technique toujours aussi bluffant. La force du propos a beau ne pas suivre, le talent lui est toujours bien présent !