Critique : Comment tuer son Boss ?

 

Un film de Seth Gordon. Avec Jason Bateman, Jason Sudeikis, Charlie Day. Sortie le 17 aout 2011.

 

La vie de bureau vous stresse ? Comment tuer son boss vous montre la marche à suivre.

 

Note : 3/5

 

A l’heure où la perspective de retrouver collègues et patrons tatillons hantent les nuits de beaucoup de vacanciers, Comment tuer son Boss ? apparait comme le remède idéal au blues pré rentrée. Il faut dire qu’avec un titre aussi alléchant, difficile de ne pas y voir une réponse providentielle à la sempiternelle monotonie du métro/boulot/dodo. Sauf qu’en l’occurrence on ne saurait trop vous conseiller de ne PAS faire comme nos trois larrons bien décidés à en finir avec leur horrible boss. Petit guide de survie en milieu professionnellement hostile, Comment tuer son boss tacle gentiment le petit monde du travail qu’il soit aliénant, anxiogène out tout bonnement ubuesque. Et si l’affiche en forme de trombinoscope et l’accroche assassine laissent augurer une comédie aussi régressive et pipi caca que les Very Bad Trip 2 et autres B.A.T. récemment servis par Warner, le résultat lui est tout autre ! Moins versé dans le masochisme que ses confrères, le film de Seth Gordon (Tout sauf en famille) préfère se focaliser sur ses personnages au détriment de gags véritablement mémorables. D’où une certaine frustration au regard de situations beaucoup trop sages heureusement contrebalancées par  un trio d’acteurs à la complicité évidente. Si Jason Sudeikis parait peu crédible en serial fucker, ses interactions avec Charlie Day (souffre douleur de la bande et véritable révélation du film) sont souvent hilarantes. Machine comique au timbre de voix si particulier, l’acteur pique presque la vedette à ses potes en assistant dentaire un peu benêt sur les bords ! De même que l’apparent pragmatisme de Jason Bateman renvoie aux heures de gloire d’un certain Arrested Development.

 

© Warner Bros Pictures

 

Cotés patrons, on comprend rapidement pourquoi notre trio de pieds nickelés veut en venir aux mains qu’il s’agisse d’un yuppie sadique ou d’une dentiste un peu trop entreprenante. Mais dans le genre, le  plus surprenant demeure Colin Farrell, génial en uber beauf totalement à coté de la plaque. Méconnaissable, le comédien bad boy se lâche et nous offre un numéro désopilant. C’est bien simple on n’avait pas vu meilleur contre emploi comique depuis Tom Cruise dans Tonnerre sous les Tropiques. Dommage que celui-ci se voit carrément sous exploité par un scénario bien trop conventionnel tuant ainsi dans l’œuf les quelques miasmes de folie disséminées ici et là. Il faudra alors se contenter du duo Kevin Spacey/ Jennifer Anniston campant avec délices d’odieux patrons d’une rare cruauté. Mix entre Gordon Gecko et Patrick Bateman, le premier impressionne autant qu’il effraie dans le costume d’un véritable requin qu’on devine à peine caricaturé. D’apparence plus avenante, Anniston fait méchamment monter la pression avec l’ardeur d’une transfuge de Marc Dorcel ! Mais ne vous fiez pas aux apparences : cette femme est le Diable ! Avec de tels salopards à l’affiche, on en vient à regretter que les punitions ne soient pas vraiment à la hauteur des crimes. Il n’en demeure pas moins qu’en dépit de son apparente sagesse, Comment tuer son Boss ? reste une agréable comédie qu’on imagine déjà projeté en séance spéciale lors de réunions CGT !

 
 

Trop sage dans son approche, Comment tuer son Boss ? se démarque toutefois par sa bonne humeur communicative et des acteurs inspirés.