Un film de Jon Favreau. Avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde. Sortie le 24 août 2011.
Daniel Craig et Harrison Ford bottent le cul d’aliens avec un sourire en coin et la Winchester finement chargée. A l’Ouest du nouveau ? Pas sûr…
Note : 2,5/5
Entre les jeunes britons d’Attack the block et les cinéastes en herbe de Super 8, il ne fait pas bon être un extra terrestre cet été. Manquerait plus que les cowboys s’y mettent ! Aussitôt dit, aussitôt fait, les desperados de Cowboys &Envahisseurs viennent sonner le coup de grâce estival. Tiré du roman graphique éponyme de Scott Mitchell Rosenberg, le film de Jon Favreau s’éloigne bien vite de son modèle pour mieux correspondre à des standards plus mainstream sous les plumes du Roberto Orci/Alex Kurtzman épaulé par Damon Lindelof. Des noms prompts à éveiller la curiosité sinon l’intérêt, les premiers ayant particulièrement bien négociés leur téléportation cinématographique, tandis que le second nous aura fait vibrer six saisons durant au gré des tribulations des naufragés de Lost. Exit l’intrigue originelle, sorte de V à la sauce western dans laquelle visages pâles et indiens unissaient leurs forces pour bouter l’envahisseur hors de notre planète bleue, et place à une intrigue plus triviale et sous influences. Cowboys & Envahisseurs colle donc aux santiags d’un hors la loi amnésique dont les trous de mémoire pourraient bien avoir un rapport avec la visite inopinée d’envahisseurs au gout prononcé pour le kidnapping d’humains.

Elevés dans le terreau de la télévision, les scénaristes semblent ici renouer avec leurs premiers amours en disséminant ici et là tout ce qu’ils ont pu engranger du petit écran. Comprendre par là que la structure de Cowboys & Envahisseurs demeure très proche de celle des séries télés avec phase exposition, point d’orgue et (mini) cliffhangers. Pas une mauvaise chose en soi tant l’aspect serial du film demeure l’un des plus réussis. Sauf qu’en l’occurrence cette invasion alien en territoire westernien tient plus d’un épisode de Bonanza que de Deadwood ! De fait, si Cowboys & Envahisseurs suscite une certaine frustration ce n’est pas tant par la distance prise avec le roman graphique que par sa propension à ne jamais dépasser certaines limites. Se reposant beaucoup trop sur la simple puissance évocatrice de son titre, le film s’installe très rapidement sur des rails pour une virée, au demeurant plaisante, mais beaucoup trop prévisible. A l’aura de mystère dégagée par la première partie répondent bien vite une succession de lieux communs tant dans le cheminement, somme toute très linéaire et archi balisé, que dans la caractérisation de personnages condamnés à répondre à certains canons du genre. Le flegme véner’ de Daniel Craig, la mâchoire serrée d’Harrison Ford, voilà qui promettait au pire une baston de regards bleus, au mieux des joutes convoquant flingues et répliques bien senties. Las, nos larrons rentrent bien vite dans le giron du politiquement correct, voyant leurs parts d’ombres rapidement édulcorés. Craig est un gentil outlaw, Ford campe avec conviction les méchants mais pas trop tandis qu’Olivia Wilde joue les potiches à merveille.

Coté S.F., il faudra composer avec des aliens dont les motivations d’hors la loi des étoiles ne sont jamais pleinement exploitées. A l’image de leurs homologues terriens, leur badassitude laisse clairement à désirer. Pour la version interstellaire de La Horde Sauvage on repassera ! D’autant plus dommage qu’on ne peut décemment pas qualifier Cowboys & Envahisseurs de mauvais film, loin de là. Bicéphale, il mélange les genres avec plus ou moins de succès mais se montre étrangement plus convaincant dans son versant westernien. Aussi lisse soit-il, ce dernier procure un certain plaisir dans sa convocation des codes inhérents au genre. Certes, on se balade plus en cheval qu’on ne pulvérise de l’alien (très moche soit dit en passant) mais force est de reconnaitre que Craig et Ford bouffent l’écran et portent fort bien le colt. Passé la déception de ne pas assister au mash up ultime, la pelloche de Jon Favreau se laisse donc suivre sans réel ennui ni déplaisir pour peu qu’on le voit pour ce qu’il est : un long pilote de série TV, certes prometteur mais ne dépassant jamais le cadre de concept pour affoler les geeks. Plaisant mais un brin de folie supplémentaire n’aurait pas été de trop, au contraire !
Pas désagréable, Cowboys & Envahisseurs est un honnête divertissement. Dommage que l’ensemble se montre beaucoup trop prévisible et aseptisé pour transformer réellement l’essai.