Critique : Derrière les murs

 

Un film de Julien Lacombe et Pascal Sid. Avec Laetitia Casta, Thierry Neuvic, Jacques Bonnaffé. Sortie le 6 juillet 2011

 

Laetitia Casta entend des voix dans le premier film de « genre » français tourné en 3D. Esprit es- tu là ?

 

Note : 1/5

 

Que se passe t il derrière les murs ? Ben pas grand-chose si on en croit cette vaine tentative de fantastique cocorico dans laquelle Laetitia Casta se voit assaillie de visions cauchemardesques. Situé dans la France des années 20, le film du duo Julien Lacombe/Pascal Sid ambitionne rien de moins que de renouer avec une certaine tradition de la ghost story si chère à nos amis anglais et espagnols. Une intention on ne peut plus louable, d’autant que la France s’aventure trop peu dans ce sillon, mais bien mal exploitée ici. A force de capitaliser sur son ambiance surannée à faire passer un épisode de Louis la Brocante pour une production Jerry Bruckheimer, Derrière les murs finit par tourner en rond, tout juste boosté par quelques jump scare soporifiques. Il faut dire que tout du long, les cinéastes ont l’air plus préoccupés par leur méticuleuse reconstitution de la campagne française d’antan à base de péquenauds libidineux et autres rombières hystéros s’engueulant autour d’une tranche de Justin Bridoux (on caricature à peine), que  par les turpitudes de la pauvre Laetitia.

 

© Bac Films/ Stéphanie Dupont

 

Visiblement investie, Casta incarne comme elle peut une femme meurtrie en panne d’inspiration. Et si l’actrice se montre plutôt convaincante force est de reconnaître que son personnage manque carrément de consistance à l’image d’un film désincarné de bout en bout. Plus gimmick que réel apport visuel, la 3D joue surtout sur la profondeur de champ sans jamais utiliser à fond le procédé. La relative fadeur de l’ensemble n’aurait pas été si dommageable que ça si Derrière les murs ne lorgnait pas autant sur Les Autres dont il se voudrait le vrai/faux pendant français. Seulement voilà : à l’astucieuse mise en scène d’Aménabar les cinéastes répondent par une  réalisation très plan plan à la platitude somme toute très télévisuelle. On aimerait défendre cette nouvelle tentative d’autant qu’on la sent constamment bridée par les desiderata d’une future diffusion prime time. Sauf que le rythme anémique et le dénouement paresseux nous expurgeant de toute émotion rendent l’expérience superflue et totalement anecdotique. Dès lors peu importe que le film relève de l’accident industriel du dommage collatéral, le mal est déjà fait et l’on ressort de la salle avec la désagréable impression de s’être fait tromper sur la marchandise. Derrière les murs, premier film de genre « France 3 Auvergne approuved » ? On en a bien peur !

 

Plus proche d’un téléfilm du samedi soir que d’une réelle œuvre de genre, Derrière les murs sent bon la naphtaline et l’opportunisme.

 
BANDE ANNONCE – « Derrière les murs » avec… par bacfilms