Un film de Danièle Thompson. Avec Kad Merad, Eric Elmosino, Lou de Laage. Sortie le 10 avril 2013.
Après nous avoir fait claquer nos fauteuils d’orchestre avec pertes et fracas, Danièle Thompson nous conte les turpitudes de gens qui s’embrassent… et se vannent !
Note : 3/5
Quatre ans après Le code a changé, Danièle Thompson revient au film choral avec Des gens qui s’embrassent. Dans ce nouveau chassé croisé sentimental et familial, deux frères ne cessent de s’affronter au gré des saisons. Il faut dire que tout oppose Roni, le businessman pressé qui ne cesse d’éclabousser sa richesse et son bonheur à la face des gens , à Zef, musicien austère et très religieux broyant du noir depuis la mort de sa femme. Un cas d’attraction/répulsion typique si autour ne gravitaient pas leurs filles respectives qui, en dépit de leurs différences, s’adorent elles comme des sœurs. Autant le dire tout de suite : Des gens qui s’embrassent commence mal. Acteurs ultra cabotins (mention spéciale à Monica Bellucci tout simplement insupportable en épouse superficielle et bête), situations ridicules, blagues tombant à plat… la première demi heure du film à des airs de vaudeville en mode pub pour B for Bank. Tous les clichés inhérents à la « comédie nouveau riche » y sont empilés avec un naturel terrifiant si bien qu’on se demande si Thompson ne tenterait pas de nous pondre une version « auteurisante » de La vérité si je mens (le film parle de deux clans ayant prospéré dans la joaillerie de luxe et la musique… merci les clichés !). Bref tout cela n’augure rien de bon et on prêt fusil au poing à se la jouer sniper devant pareille entreprise de destruction massive. Sauf que contre toutes attentes, Des gens qui s’embrassent prend une tournure plus authentique dès lors qu’il laisse de coté son aspect vaudevillesque pour se concentrer sur ses personnages.

Dès lors, Des gens qui s’embrassent prend des atours de chronique plutôt bien vue autour de cette sacro sainte entité qu’est la famille. Et c’est justement celle ci dans toute sa pluralité que le film célèbre, n’hésitant pas à la croquer avec tendresse à travers une poignée de personnages attachants même dans leurs aspects les plus insupportables. Un drôle d’exploit à mettre au crédit d’acteurs et de dialogues croustillants. Avec en tête de gondole un Eric Emolsino excellent en artiste obtus ne jurant que par la Torah et son violon. A ses cotés, les lumineuses Clara Ponsot et Lou de Laage apportent un supplément de sensualité bienvenue, la première en bimbo énergique tandis que la seconde envoute de par son romantisme exacerbé. La subtile romance se dessinant entre cette dernière et Max Boubil est peut être bien l’un des axes narratifs les plus intéressants du film. Dommage que le discours type « ensemble c’est tout » ne soit pas assené avec une grande subtilité et le haut statut social des protagonistes nuit quelque peu à l’effet de miroir recherché. Cependant, la qualité d’interprétation et d’écriture – en dépit de maladresses évidentes- situe Des gens qui s’embrassent bien au dessus de la froideur caviar d’un certain Fauteuils d’orchestre.
Maladroit mais plutôt bien vu Des gens qui s’embrassent est une chronique familiale réjouissante mais qui peine à convaincre dans le domaine de la comédie.