Critique : Des Saumons dans le Désert

Un film de Lasse Halström. Avec Ewan McGregor, Emily Blunt, Kristin Scott-Thomas. Sortie le 6 juin 2012.

 

Le dernier opus de Lasse Halström réunit Ewan McGregor, Emily Blunt, le premier ministre britannique, et des habitants yéménites. Tout un programme…

 

 

Note : 3/5

 

 

Si je vous dis Lasse Halström, est-ce que cela vous parle ?  Né à Stockholm en 1946, il est l’homme derrière Chocolat, ce film sorti en 2000 dans lequel la passion pour le cacao amenait Juliette Binoche et Johnny Depp à se rencontrer. Dans son dernier film le principe est légèrement similaire. Sauf qu’au lieu de Johnny il y a Ewan McGregor, au lieu de Juiette il y a Emily Blunt, et au lieu de chocolat il y a…des saumons.

 

Cette bluette raconte la rencontre entre une new yorkaise gérant les investissements d’un riche cheikh et un scientifique écossais spécialisé dans l’étude des poissons  autour d’un but commun : voir si les saumons sont aptes à évoluer dans les eaux yéménites. Grâce à ce projet, ces deux êtres « que tout oppose » vont se découvrir plus d’intérêts en commun que l’élevage de salmonidés.

 

 

Ce qu’on peut reprocher principalement au film de Lasse Halström, c’est qu’il  souffre d’une certaine prévisibilité. Cinéaste aguerri  des drames romantiques pleins de bons sentiments, le réalisateur et scénariste d’origine suédoise (Ma vie de chien, ABBA : Le Film) conte ici une jolie petite histoire entre un homme, une femme, et les investissements financiers d’un cheikh yéménite. Tout comme dans ses précédents films, la nature occupe une place primordiale, les caprices de celle-ci faisant écho à la complexité des rapports humains qui y sont dépeints. Son regard survole ici des paysages à couper le souffle, des plaines  orangées baignées de lumière du Yémen à ces poissons qui remontent le courant en s’agitant de plus belle.  De la piquante et déterminée Emily Blunt au fébrile McGregor, ses protagonistes sont haut en couleurs – mention spéciale à Kristin Scott-Thomas en attachée de presse facétieuse. Mais malgré tout cela, force est de constater que ce prétexte piscicole de départ sert de fil rouge à une histoire qui au fond ne casse pas des briques, et au déroulement plutôt convenu. Certains autres personnages, assez transparents dans leurs intentions narratives, apparaissent en fin de compte comme plutôt creux.

 

Cela étant dit, je ne m’empresserais pas de classer ce film d’un revers de main hâtif dans la catégorie des mauvais. Dans un paysage cinématographique apparaissant peut-être parfois trop manichéen dans sa classification, distinguant d’une part les chefs d’œuvre poignants de cinéastes visionnaires et d’autre part les blockbusters commerciaux gonflés aux stéroïdes de la pub et aux dialogues creux, force est de constater que les films comme ceux de Lasse Halström boxent dans une catégorie intermédiaire : Certes, Des Saumons dans le Désert n’est pas le film qui te prendra aux tripes et te fera pleurer toutes les larmes de ton corps en remettant en question ton existence ; c’est une histoire sommaire, mais narrée par la voix d’un cinéaste dont la vision propre dans sa façon de la raconter en font un film unique. Jamais magistraux, jamais médiocres, ce genre de films apportent un peu d’équilibre et de douceur dans ce monde (ciné) de brutes.

 

 

Une histoire sans prétentions mais mise en images  et narrée de façon indéniablement agréable : un joli petit moment de cinéma.