Critique : Die Hard 5 – Belle journée pour mourir

 

Un film de John Moore. Avec Bruce Willis, Jai Courtney, Sebastian Koch. Sortie le 20 février 2013.

 

John McClane a enfin trouvé un ennemi qui a eu sa peau. Un mythe qui s’écroule ? Malheureusement…

 

 

Note : 1/5

 

C’est officiel : John McClane est mort ! Si d’aucuns diront que la mise en cercueil avait déjà été amorcé dans le  pas très bon mais rigolo Die Hard 4, alors on dira que ce nouvel opus s’est chargé d’enfoncer les clous, mettre la sépulture en terre en ayant pris soin de bruler le cadavre au préalable ! Vous nous trouvez vache ? Attendez de voir ce que John Moore vous réserve. Tâcheron responsable de bouses aussi indigestes que Max Payne ou La Malédiction, le réalisateur irlandais aura, on ne sait comment, convaincu la Fox et surtout Bruce Willis de lui laisser les rênes de ce qui aurait pu être le film de la rédemption pour une saga mise à mal par son arrivée dans le 21ème siècle. Interrogé, Willis avait dit à l’époque être séduit par les ambitions de Moore qui voulait revenir à un coté plus artisanal loin des canons habituels en matière d’effets spéciaux. L’acteur aurait peut être du lire entre les lignes  ou se taper la filmographie de ce Méphistophélès de Moore avant d’accepter. En effet,  au « héros analogique dans un monde numérique » assené par Timothy Olyphant dans Die Hard 4, Moore répond non seulement par une surenchère de CGI dans sa dernière partie (grand numéro de nawak dont nous laisserons la primeur aux nostalgiques et ou masos) mais surtout par une méconnaissance totale de la grammaire cinématographique en matière de scènes d’actions. Passée une introduction intriguante rappelant davantage une production Canon friquée qu’un Die Hard, le film s’enlise de plus en plus dans la médiocrité jusqu’à atteindre le point de non retour lors d’un final anthologique à Tchernobyl. Oui, vous avez bien lu : notre héros de fortune qui avait commencé sa carrière dans la tour Nakatomi la termine sur un site radioactif et sans masque ! Alors que le nullissime Max Payne interpellait par sa mollesse (un comble quand on connaît les jeux vidéos) ainsi que son utilisation outrancière et  ridicule des effets bullet time, Die Hard 5 lui se distingue par une « orgie » pyrotechnique bien mal gérée . Plus ingérable que jamais, Moore pied, au plancher et caméra au poing, semble avoir été frappé par une forme d’Alzheimer cinématographique qui ferait passer Michael Bay pour Terrence Malick ! Il en résulte des scènes d’actions aussi longues qu’indigestes…Ou comment insuffler un dynamisme superficiel en découpant ses séquences au hachoir.

 

© 20th Century Fox
© 20th Century Fox

 

Mais ce qui surprend davantage c’est la persistance du monsieur à tendre le bâton pour se faire battre. Ici, tout relève du brouillon et de l’approximatif que ce soit en termes de caractérisation des personnages via la relation McClane père et fils d’une platitude affligeante, que dans son scénario qui tente vainement de ressusciter les fantômes de la Guerre Froide avec en point d’orgue l’un des pires bad guy du cinéma. Visiblement charcuté au montage, Die Hard 5 navigue à vue capitalisant un peu trop sur l’aura de son personnage principal sans jamais l’exploiter ni proposer une intrigue à la hauteur.L’entreprise se voudrait généreuse et moderne via l’introduction de McClane junior ici pour attirer les midinettes, mais en dépit des efforts de Jai Courtney en fiston plus badass que badass, le pli ne prend pas. Car non messieurs dames, le film n’a de Die Hard que le nom et tout ce qui faisait le charme de la saga a été sacrifié sur l’autel de l’opportunisme brut de décoffrage. Il en résulte un film dépouillé de tout ce qui faisait la substance de ses ainés et traité avec un premier degré bien indigne de son héros. McClane n’est plus le personnage tant aimé des aficionados mais bien une marque déposée dont la sempiternelle décontraction s’apparente ici davantage à une espèce de je-m’en-foutisme éhonté et pas vraiment assumé. Peu concerné par la chose, Bruce Willis se contente du minimum syndical et ne semble plus vraiment y croire comme parfaitement conscient du désastre dans lequel il s’est empêtré. De son coté,  Moore veut montrer qu’il en a dans le pantalon en faisant exploser tout sur son passage quitte à dresser un bon gros doigt d’honneur aux fans et à un tout un pan du cinéma d’action. Pas grand chose donc à sauver de ce naufrage pas assez ringard pour procurer le plaisir coupable du nanar. On aurait aimé y croire surtout au regard du trailer (composé essentiellement de scènes absentes du montage final…) ayant de manière très malhonnête titiller notre fibre nostalgique sur fond d’hymne à la joie mais il faut bien se rendre à l’évidence : John Moore a réussi là où Hans Gruber et consorsont échoués en tuant définitivement le cowboy McClane. Et s’il y a bien une chose de positif à retirer de tout ça c’est qu’il contribuera certainement à la réhabilitation de Die Hard 4 qui apparaitra au final comme pas si mal et tellement plus proche de l’esprit de la saga. Pour en arriver là il faut vraiment que le résultat soit mauvais !
 
 

Accident industriel d’une rare ampleur ou véritable viol collectif pour les fans, Die Hard 5 a l’unique mérite d’appeler à un revisionnage immédiat et nécessaire des trois premiers opus.