Un film de Walter Hill. Avec Sylvester Stallone, Sung Kang, Jason Momoa. Sortie le 27 février 2013.
Quand deux icônes du cinéma d’action s’allient, le résultat ne peut être que singulier. Prêts pour un petit retour dans le passé ?
Note : 3/5
Jimmy Bobo est un homme qui porte bien son nom. Pourquoi ? Parce que partout où il passe, les gens ont une fâcheuse tendance à mourir de préférence d’une balle dans la tête. Il faut dire que Jimmy ne fait pas un métier facile… et pour cause puisque le monsieur est tueur à gages. Aussi quand son coéquipier (et oui ça existe aussi chez les nettoyeurs !) est sauvagement assassiné par une armoire à glace aux cheveux gras, Jimmy voit rouge et compte bien découvrir qui l’a doublé… fusse t il pour cela s’allier à un flic de Washington ! Après un bon petit development hell dont seuls nos amis ricains ont le secret, Du Plomb dans la tête arrive enfin sur nos écrans. Walter Hill remplace Wayne Kramer à la réalisation tandis que Sung Kang (Fast Five) prend la place de Thomas Jane dans le rôle du flic obligé de s’allier avec l’ami Sly. Autant de changements augurent ils du meilleur ? Oui et non. Du coté de la réalisation, on ne cachera pas notre plaisir de voir Walter Hill revenir aux affaires plus de dix ans après son percutant Un seul deviendra Invincible. Et le moins que l’on puisse dire c’est que pour un metteur en scène quasiment aveugle, l’ami Walter a encore l’œil. Alors certes, l’ensemble ne brille pas par son audace visuel mais une poignée de bons plans viennent nous rappeler au savoir faire du bonhomme. C’est aussi l’occasion pour lui de revenir au buddy movie, genre auquel il a grandement contribué avec la série des 48 heures ou encore Double Détente. On retrouve dans Du Plomb dans la tête ce même plaisir à jouer sur les fossés culturels via deux partenaires aussi différents que complémentaires. On pourrait même aller plus loin en disant qu’Hill revisite ici d’une certaine manière sa filmographie mais surtout sa place au sein d’un cinéma d’action avec lequel il ne semble plus vraiment en phase. En usant et abusant de ficelles scénaristiques aussi épaisses qu’un matelas pneumatique gonflé à bloc (le BlackBerry magique qui te trouve toutes tes informations en moins de deux minutes) et souvent horripilantes voire insupportables, le cinéaste montre qu’il a clairement l’air dépassé et fait un usage maladroit des outils contemporains. Peu intéressé par la mode du bigger is better, il préfère se perdre dans les rues brumeuses et diablement fascinantes de la Nouvelle Orléans pour raconter de manière très classique cette histoire de vengeance aux aboutissants peu intéressants.

Ainsi, tout se déroule de manière on ne peut plus linéaire et prévisible au point que le spectateur a souvent une longueur d’avance sur le duo dynamique. Jamais surprenant, Du Plomb dans la tête tient principalement à l’énorme capital sympathie suscité par les noms qui y sont associés.Reconnaissons le : le principal intérêt du film réside dans l’ossature d’un Sly impressionnant en hitman à la peau dure. Mâchoire serrée, muscles bandés, l’acteur offre une prestation étonnante perpétuellement à contre courant lors de ses échanges avec son partenaire de fortune. A l’image de sa prestation, le film se révèle très étrange dans sa propension à revenir aux bases sans s’encombrer de punchlines trop ostentatoires et autres effets de manche qui font le bonheur des trailers pullulant sur le web. Oui, Sly et Hill paraissent clairement dépassés quand ils ne semblent pas se contenter du minimum syndical (très rare avouons le) mais il y a quelque chose de diablement séduisant dans ce coté désuet. Du Plomb dans la tête est un polar anachronique dans le bon sens du terme. A la lisière entre Pacte avec un Tueur et Double Détente, le métrage résonne comme un doux prétexte à questionner le coté obscur de nos icônes et leur place dans la société actuelle. Ca parle pas mal, ça castagne beaucoup et le personnage de Taylor Kwon tend un peu trop à aseptiser un ensemble qui aurait gagné à être beaucoup plus hard boiled mais voilà on ne peut s’empêcher d’y trouver un réel intérêt . Tout simplement car Du Plomb dans la tête résonne avant tout comme un manifeste en faveur de vieux lions gardant farouchement leurs tanières. En cela on peut dire que malgré ses maladresses le film de Walter Hill réussit là où le récent Die Hard 5 s’est lamentablement vautré. Old school is cool encore faut il pour cela montrer clairement la couleur (quitte à se prendre les pieds dans le tapis) au lieu d’avancer à pas feutrés.
Attachant à défaut d’être original, Du Plomb dans la tête vaut mieux que son apparat de DTV luxueux. La vieille garde a encore de beaux restes !