Critique express : Dear White People

 
Un film de Justin Simien. Avec Tessa Thompson, Teyonah Parris. En salles depuis le 25 mars 2015.

 

 

Si Selma rappelait que le combat des droits civiques des noirs américains fut un long combat, Dear white people démontre, par le biais de la satire, que les problèmes raciaux sont toujours d’actualité dans l’Amérique de Barrack Obama. La cloche a sonné, c’est la rentrée des classes…
 
 

Note: 3,5/5

 

Détrompez vous sur le titre du film (Chers Blancs), le message ici ne s’adresse pas qu’à la communauté blanche mais aussi et surtout à la communauté noire. Basé sur de véritables faits-divers de fêtes campus américaines à thèmes raciaux, la force du premier long-métrage de Justin Simien tient du fait que le campus, fictif, de Winchester lui sert de parfait laboratoire pour évoquer, sur le ton de la dérision, les questions qui fâchent. Une activiste déterminée et animatrice radio, un impeccable et intégré gendre noir fils du doyen de l’université, une jeune femme aspirante à la notoriété de la télé réalité et un jeune « geek » gay qui ne sait plus où s’installer (au sens propre et figuré) sont les protagonistes idéals de cette bonne satire. Simien fait de ces quatre personnages les composantes d’une Amérique noire, jeune et soucieuse de réussir en voulant plus d’égalités et de droits dont les armes sont principalement la culture et les médias. Si l’engagée Sam White (joué par la magnifique Tessa Thompson) démarre les « hostilités » par son émission de radio en narguant les étudiants blancs de leur prétendue amitié avec les étudiants noirs, s’ils n’ont pas plus d’un dans leur cercle d’amis, elle se fourvoie dans une relecture de Naissance d’une nation en cours de cinéma et admet apprécier la musique de Taylor Swift. Coco (la belle Teyonah Parris de la série Mad Men) ne se mélange pas trop avec ses semblables et s’oppose à Sam via des vidéos Youtube avant de réaliser que la culture noire fait rêver au delà de sa propre communauté. Chaque personnage a ses ambitions, ses pensées mais aussi ses contradictions et qui vont les opposer souvent entre eux et à la communauté blanche. Cette complexité sert le scénario du film brillamment pour lâcher de nombreuses punchlines et créer parfois des situations mémorables. Dear white people est un regard également sur un « combat » d’hier et d’aujourd’hui à travers les personnages du doyen (joué par Dennis Haysbert) et le président de l’université (Peter Syversten) dont les fils Troy et Kurt (Brandon P. Bell et Kyle Gallner, vu récemment dans American Sniper) s’opposent désormais. Si le final n’atteint pas l’intensité de celui de Do the right thing de Spike Lee, le film de Justin Simien lui rend hommage ainsi qu’à son School Daze tout en suivant les traces du Hollywood Shuffle de Robert Townsend.

 

© Happiness Distribution
© Happiness Distribution

 

Frais et décomplexé, Dear white people relance le débat sur la question du noir et blanc, tout en couleurs, sans pour autant en donner les réponses car elles restent à trouver. À voir pour son casting et ses dialogues savoureux.