Critique express : La Tour 2 Contrôle Infernale

 

Un film d’Eric Judor. Avec Eric Judor, Ramzy Bedia, Philippe Katerine. Sortie le 10 février 2016.
 
Eric et Ramzy s’agitent dans tous les sens dans une suite dont ils sont le pire défaut malgré d’indéniables qualités.

 

Note : 2/5

 

A l’heure où Les Tuche 2 dépasse le million d’entrées, une autre suite va devoir faire des pieds et des mains pour lui tenir le crachoir voir lui voler le précieux sésame des deux millions d’entrées. Et de gesticulations il en est fortement question dans La Tour 2 Contrôle Infernale, vrai/faux prequel du culte La Tour Montparnasse Infernale. On y suit les tribulations de deux pilotes devenus complètement débiles suite à un accident de simulateur, affronter des terroristes ayant pris d’assaut un aéroport. Suivant une logique révérencieuse somme toute personnelle, Eric et Ramzy ont cette fois décidé de rendre hommage à leur manière à 58 minutes pour vivre quinze ans après La Tour Montparnasse Infernale qui lui parodiait allégrement Piège de Cristal. Sauf que ce qui marchait en 2000 n’a plus le même impact aujourd’hui. Entre temps Steak et surtout Platane (en particulier la saison 2) démontraient par l’image que l’heure de la maturité était arrivée pour le duo qui opère ici un surprenant rétropédalage ! Non pas que le film soit SI mauvais (il est en tout cas bien plus drôle que le consternant et opportuniste Les Tuche 2) mais se révèle bien en deça du potentiel comique d’Eric &Ramzy tant ensemble qu’individuellement. Alternant gags consternant, paresseux ou tout simplement recyclés, La Tour 2 ne fonctionne que très rarement dès lors que nos deux héros apparaissent à l’écran, ces derniers se contentant de faire les zouaves avec une énergie fatigante. Seuls quelques gags visuels hérités directement du slapstick prêtent à sourire. Non, là où le film fait mouche c’est lorsqu’il laisse place à ses seconds couteaux. D’un Grégoire Oestermann génial premier ministre totalement largué se rêvant à la culture – référence à peine voilée à Jack Lang- à une Marina Fois truculente en assistante féministe en passant par le toujours classe Serge Riaboukine, chacun y v a de sa petite touche pour apporter au film son VRAI grain de folie. On retiendra tout particulièrement la prestation de Philippe Katerine tout simplement génial en bad guy fâché avec la langue française. Bouffant l’écran à chacune de ses apparitions, il cristallise à lui seul l’esprit totalement anarchique et ubuesque du film, lui insufflant ce supplément de candeur comique dont il se réclame tant. De quoi faire partiellement oublier les nombreux écueils de cette suite arrivée beaucoup trop tard et qui par manque de garde-fou et d’un réalisateur maitrisant un minimum la grammaire cinématographique (Eric Judor n’arrive pas à se débarrasser de ses tics télévisuels) se prend plusieurs fois les pieds dans le tapis. Dommage, tant La Tour 2 Contrôle Infernale partait d’une belle intention : celle de renouer avec les joies de l’humour régressif et crétin. Si l’objectif n’est pas complétement atteint, l’effet nostalgie fonctionne en partie. Mieux vaut revoir La Tour Montparnasse Infernale et/ou Seuls Two, chant du cygne d’un duo à la complicité évidente et qui a su si bien nous faire rire.

 

Légende Distribution
Légende Distribution

 

Lourdingue au possible, La Tour 2 Contrôle Infernale fait toutefois preuve d’une bonne humeur communicative.