Critique : Fast & Furious 7

 

Un film de James Wan. Avec Vin Diesel, Paul Walker, Jason Statham. Sortie le 1er avril 2015.

 

Vin Diesel et son équipe tracent la route dans le meilleur opus de la saga depuis… Fast & Furious 5. Merci de laisser vos cerveaux à l’entrée !

 

Note : 3,5/5

 

Cela fait quatre opus maintenant que la franchise Fast & Furious a pris un virage intéressant. De série B tunée pas franchement intéressante, la saga s’est muée en quelque chose d’autre pour finir par devenir une sorte de mètre étalon du cinéma d’action. Il y a quinze ans, personne n’aurait cru (et encore moins l’auteur de ces lignes) que chaque nouveau Fast & Furious serait attendu avec un mélange d’excitation et d’appréhension, de cette curiosité non feinte qui caractérise les meilleures sagas. Une transformation qui a coïncidé avec les arrivées de Justin Lin et du scénariste Chris Morgan qui dès le troisième opus ont su apposer leur griffe sur une licence en perte de vitesse, le premier par une mise en scène nerveuse et efficace, le second par des scénarios toujours plus ambitieux et fous. Avec le départ de Justin Lin, on craignait que Fast & Furious, régresse, fasse marche arrière pour redevenir l’espèce de rip off beauf de Point Break qu’il se destinait à être depuis 2001. Que nenni : Fast & Furious 5 ayant placé la barre très haut, ses suites ne pouvaient que monter en puissance tant en termes de mise en scène que de scénario. Et si la réalisation de James Wan n’égale pas celle de Lin, le spectacle reste total. Mieux encore : il dépasse nos rêves les plus fous. Accrochez-vous car Fast & Furious 7 n’a pas pour ambition de vous ménager ! Incroyable, complètement fou, jouissif… des superlatifs comme ça, vous risquez d’en entendre une pelleté dès le 1er avril, date de sortie de ce qui s’annonce d’emblée comme le plus grandiloquent des Fast & Furious. Il faut dire que pour cette septième fournée annonce la couleur dès début en montrant un Jason Statham plus badass que jamais au chevet de son Luke Evans de frère (le bad guy de FF6) avant que la caméra dévoile petit à petit un véritable champ de bataille dont il est le seul responsable. Le ton est donné : FF7 ne fera pas dans la subtilité !

 

© Universal Pictures
© Universal Pictures

 

Pendant plus de deux heures, le film enchaine combats homériques et virées endiablées à un rythme frénétique. Toujours plus loin, plus fort, ce septième volet prend un malin plaisir à littéralement toute exploser sur son passage lors de séquences proprement hallucinantes dont un saut en voiture entre les points les plus hauts de deux buildings à Dubaï. Un morceau de bravoure que n’aurait pas renié un certain Ethan Hunt. Justement, si les deux précédents opus pouvaient être vus comme des démarquages « carrossés » d’Ocean’s Eleven ( FF5) et de James Bond (FF6), celui-ci ambitionne clairement de chasser sur les terres de Mission : Impossible reléguant les cascades de l’ami Tom au rang de gentilles galipettes. Rien que ça ! Il faut dire que Justin Lin avait au préalable bien balisé le chemin par son approche « tout terrain » de l’action, prenant le moindre prétexte pour déporter celle-ci des voitures « pimpées » dans lesquelles elle avait été trop longtemps retranchée. Un cahier des charges que James Wan se devait de respecter d’autant que le scénario voit Dom et ses amis affronter un super bad guy mais aussi une armée de mercenaires armés jusqu’aux dents.En dire plus serait du gâchis tant c’est dans cette propension à en offrir toujours plus que FF7 trouve son réel intérêt, procurant par la même au spectateur un plaisir rarement égalé dans le sillage très balisé du blockbuster d’action. A l’image de ses grands frères, FF7 est un film généreux qui cultive allégrement le gout du spectacle faisant de la surenchère son unique mantra. En dire plus serait du gâchis tant c’est dans cette propension à en offrir toujours plus que FF7 trouve son réel intérêt, procurant par la même au spectateur un plaisir rarement égalé dans le sillage très balisé du blockbuster d’action. A l’image de ses grands frères, FF7 est un film généreux qui cultive allégrement le gout du spectacle faisant de la surenchère son unique mantra.

 

 

© Universal Pictures
© Universal Pictures

 

Mais au final est-ce si important ? Demande t-on vraiment à FF7 de réitérer le magnifique coup de bluff de son escale brésilienne ? Non, on lui demande juste de ne pas lui faire honte … ce qu’il fait avec peu d’élégance certes mais une efficacité néanmoins remarquable. Et peu importe au final si la réalisation, parfois trop révérencieuse, de James Wan renoue avec l’insupportable coté bling bling des premiers épisodes (effets clipesques parfois grotesques, surabondance de plans sur les fesses de bimbos siliconées) que le montage fait à la hache rende certaines scènes d’action difficilement lisibles, le plaisir somme tout régressif de voir des bagnoles défier les lois mêmes de la gravité est intact. FF7 ne s’impose aucune limite et c’est précisément dans cette décomplexion qu’il se montre quasi orgasmique. Wan a beau ne pas avoir la rigueur de Justin Lin, il s’en sort toutefois avec les honneurs montrant si besoin qu’il est fin prêt à s’écarter du giron horrifique low cost quitte à perdre un petit peu de son talent en chemin. On ira même plus loin en arguant que sa mise en scène pompière est parfaitement cohérente avec l’esprit de ce volet qui érige ici l’affrontement de muscles saillants au rang d’art. On évoquait plus haut les combats homériques, on en est pas loin tant Vin Diesel, Jason Statham et Dwayne Johnson n’apparaissent plus tant comme des hommes que comme des Titans (au sens mythologique du terme) dont les combats peuvent littéralement ravager une ville. Iconisés à mort, nos gros bras s’écharpent avec la finesse d’un Depardieu balancé fin bourré en plein ballet russe ! Mention spéciale à Dwayne Johnson dont les rares apparitions toujours ponctuées de répliques fleuries (du Chuck Norris dans le texte) propulsent le film vers des cimes inattendues. Enfin, impossible de faire l’impasse sur Paul Walker, véritable âme (au propre comme au figuré) du film auquel est fait un adieu aussi intelligent que respectueux lors d’un final meta forcément émouvant. Ou comment faire chialer le spectateur après deux heures de bourrinage pur ! Pour résumer on pourrait dire que Fast & Furious 7 est le mix parfait entre le film de bagnoles, Mission Impossible et… Call of Duty : Modern Warfare ! Si avec ça, Fast & Furious 7 ne vous donne pas envie de passer la seconde pour dire adios à Dom et ses potes, on ne peut plus rien faire pour vous !

 

 

Généreux et terriblement jouissif, Fast & Furious 7 gagne en efficacité pyrotechnique ce qu’il perd en rigueur mais reste un modèle de blockbuster grandiloquent et ultra spectaculaire.