Critique : Fright Night

 

Un film de Craig Gillepsie. Avec Colin Farrell, Anton Yelchin David Tennant. Sortie le 14 septembre 2011.

 

Colin Farrell joue les voisins aux dents longues face au talentueux Anton Yelchin. De quoi démarrer la rentrée sous les meilleurs auspices ? Pas sur…

 

 Note : 2/5

 

Que ce soit sur grand (Twilight) ou petit écran (The Vampire Diaries), la figure du vampire semble aujourd’hui se résumer au lover neuneu de base. Mais quid de son pendant démoniaque au goût prononcé pour l’hémoglobine ? Disparu dans les limbes du mainstream ? On serait tenté de le croire si l’on ne sentait cette envie vorace de faire revenir le saigneur des Ténèbres par la grande porte. Et quel meilleur moyen que de revisiter Fright Night (aka Vampire, vous avez dit vampire en VF) classique très 80’s au doux parfum de culte ? Une idée foireuse sur le papier mais qui,dans la pratique aurait pu se révéler astucieuse. Fright Night reprend donc l’intrigue du film original,sorte de Fenêtre sur cour horrifico rigolo dans lequel un jeune homme un peu voyeur sur les bords soupçonne son charismatique voisin d’être un vampire. XXIème siècle oblige, notre héros est désormais un ancien geek propre sur lui dont les tendances libidineuses et voyeuses sont largement mis en retrait. Pensez donc, sortir avec la bombe du lycée a de quoi vous dispenser de regarder chez le voisin d’à coté ! Sauf que lorsque son ex meilleur pote disparaît dans d’étranges circonstances, Charlie n’a d’autre choix que d’opter sérieusement pour la théorie vampirique. Édulcorée, la version 2011 ? Et comment !

 

© Walt Disney Studios Motion Pictures France

 

Ici, le sang (numérique) a beau couler abondamment, tous les éléments un tant soi peu transgressifs du film original se voient sacrifier sur l’autel de l’efficacité hollywoodienne. Exit le vampire charismatique et protéiforme , son alter ego moderne est une vilaine bête carnassière à mi chemin entre les vampires de Priest et le monstrueux Baraka issu de la saga vidéo ludiquee MortalCombat.. Et alors que Vampire vous avez dit vampire jonglait parfaitement entre horreur et comédie, son remake, lui, préfère reprendre paresseusement les codes du teen movie horrifique sans jamais vraiment prendre de distance avec son sujet. Au second degré de l’opus matriciel répond ici une approche beaucoup plus sérieuse et frontale, si bien que les rares tentatives d’humour tombent souvent à plat. Pire, quand Fright Night fait de l’œil à son modèle c’est pour mieux en exploiter maladroitement les meilleurs éléments, grillant ainsi toutes ses cartouches en moins de quinze minutes. Au petit jeu de la comparaison, Fright Night  est vaincu par K.O. , gagnant en hémoglobine ce qu’il perd en charme. Décidément, le film ne semble rien avoir pour lui… ce serait toutefois oublier les présences de Colin Farell et David Tennant. Si le premier n’a pas le charme carnassier de Chris Sarandon (qui se fend d’un amusant caméo), il n’en demeure pas moins crédible en prédateur des temps modernes et démontre, une fois n’est pas coutume, un talent certain pour les contre emplois savoureux. Mais c’est surtout le trop rare David Tennant qui tire son épingle du jeu en David Copperfield du pauvre, dans ce qui reste une des rares bonnes ré actualisation du film. Au final, si il ne se hisse pas à la hauteur de son modèle, Fright Night reste une bobine efficace pour son cœur de cible. Soit une sorte de démarquage masculin de Buffy contre les Vampires à l’heure du 2.0. Et quand on sait que le scénariste du film a aussi œuvré pour la tueuse de Sunnydale, on se dit que tout finit par s’expliquer.
 
 

Aseptisé au possible, Fright Night ravira les moins de vingt cinq ans tout en faisant grincer les dents des trentenaires. Une série B très convenue qui, espérons le, donnera aux novices l’envie de se plonger dans l’œuvre matricielle.