Critique : Gravity

 

Un film d’Alfonso Cuaron. Avec Sandra Bullock, George Clooney. En salles depuis le 23 octobre 2013.

 

Alfonso Cuaron frappe au cœur et émerveille dans ce récit de survie relevant du tour de force à tous les niveaux. Vers l’infini et au delà !

 

Note : 4,5/5

 

Depuis quelques temps déjà, un film met la planète ciné en ébullition. Nom de code : Gravity. Depuis quelques temps déjà les superlatifs ne cessent de pleuvoir sur le nouveau film d’Alfonso Cuaron. Bluffant, extraordinaire, fascinant… rarement long-métrage aura autant suscité l’unanimité auprès de la critique, et on le devine, un public déjà extatique. Alors montée au pinacle méritée ou grosse baudruche survendue ? Vous l’aurez deviné ici à Cinevibe on penche largement vers la première option. Alors qu’ajouter de plus qui n’ait déjà été dit sur ce film amené à marquer inlassablement l’Histoire du cinéma ? Pas grand chose de plus, ou si peut être un ou deux arguments visant à élever un peu le débat. Qu’on se le dise la critique qui suit ne vise pas à analyser Gravity sous tous les angles (un exercice qui en soi peut se révéler superficielle tant d’autres s’y sont attelés avec talent avant) mais tiendrait plutôt du papier de passion destiné à conforter des intentions de se précipiter dans sa salle ou de convaincre les derniers indécis. Vous voilà prévenus !

 

© Warner Bros Pictures
© Warner Bros Pictures

 

Survival spatial au sens premier du terme, Gravity se voit, se ressent, se vit même comme une espèce d’immense huis clos à ciel ouvert (le plus vaste imaginé jusque là) situé dans les profondeurs de l’espace. Le terme de huis clos peut paraître ici incongru mais il prend ici tout son sens tant les codes qui lui sont inhérents sont formidablement apposés. Comprendre par là que Gravity a beau se situer dans les étoiles il risque d’inconforter nombre de claustrophobes. Mais alors qu’est ce qui rend le film de Cuaron si révolutionnaire ? Son approche tout d’abord visant à immerger totalement le spectateur via un sound design incroyablement travaillée et pensée ainsi qu’une 3D repoussée dans ses derniers retranchements. C’est bien simple : on avait pas vécu pareille immersion depuis Avatar ! Plutôt que d’assister passivement, le spectateur se voit littéralement propulsé dans les étoiles en compagnie de Sandra Bullock et George Clooney. Un tour de force technique visant à décupler son implication rendant ainsi l’expérience de plus en plus viscérale. Plus qu’un film, Gravity est un voyage semé d’embuches, de moments d’accalmies mais ne nous laissant jamais serein. En transposant dans les étoiles, le sempiternel combat de l’homme contre les éléments, Cuaron nous met face à notre propre mortalité. Au delà du tour de force technique absolument bluffant et inédit, le long métrage de Cuaron fait le pari totalement fou d’accrocher son spectateur en capitalisant uniquement sur son formidable duo d’acteurs. Une prise de risque qui se révèle payante tant les deux comédiens font preuve d’une implication incroyable. A commencer bien sûr par Sandra Bullock. Tour à tour fragile et forte, défaitiste et combattante, elle apporte toute sa grâce et sa vulnérabilité à un personnage se découvrant une force et une volonté insoupçonnée. A ses cotés, George Clooney incarne à merveille une figure titulaire, jamais cabot mais toujours complice. Récit de survie mais aussi de renaissance. Gravity a l’intelligence de n’utiliser la technique que comme moyen et non fin. D’une beauté infinie, son film allie prouesse technique, narrative, émotionnelle pour offrir au final un spectacle total. Reste que l’incroyable pari tenu par Cuaron pourrait bien être sa faiblesse dans la mesure où son film ne peut décemment se vivre qu’en salles. De fait on ne peut qu’appréhender sa sortie en DVD et Blu-ray tant l’expérience se révèlera forcément amoindrie… à moins de disposer d’une installation allant bien au delà des standards.

 

 

Une expérience incroyablement immersive et prenante dont on ne ressort pas tout à fait pareil.  Gravity tient ses promesses et bien plus.