Critique : Green Lantern

 

Un film de Martin Campbell. Avec Ryan Reynolds, Blake Lively, Peter Sarsgaard. Sortie le 10 aout 2011.

 
Un an avant The Dark Knight Rises, Warner tente de calmer les esprits avec Green Lantern. C’est pas gagné !

 

 Note : 2,5/5

 

Depuis des temps immémoriaux, Marvel et DC Comics se livrent une guerre sans merci pour conquérir le territoire geek. Une bataille qui s’est naturellement prolongé au cinéma où chaque éditeur a rivalisé de moyens pour tenir la dragée haute à son concurrent. Et si jusque là DC semblait faire preuve d’une plus grande maturité via des œuvres toujours plus sombres (The Dark Knight, Watchmen), force est de reconnaitre que cette année il sort clairement perdant de son combat contre Marvel qui a sorti l’artillerie lourde avec Thor, Captain America ou encore X-Men : le commencement. Et ce n’est pas Green Lantern qui va arranger les choses. Adaptation tardive des aventures du flic intergalactique tout de vert vêtu, le film de Martin Campbell débarque enfin en salles, précédé d’une sale réputation de gros accident industriel alimentée par des premières images peu engageantes. Le résultat se montre-t-il à la hauteur des craintes suscitées ? Oui et non car si le héros vert de DC ne fait clairement pas le poids face au chevalier noir, il se hisse un (relatif) cran au dessus d’un Ghost Rider. Mais alors pourquoi tant de haine ? Avouons le, le potentiel nanar de la lanterne verte à beau ne pas atteindre celui du motard en feu, le résultat a de quoi légitimement laisser sur sa faim.

 

© Warner Bros Pictures

 

Etonnamment, le gros problème de Green Lantern ne réside  pas tant dans son flot d’effets tantôt réussis tantôt cheap, mais serait plutôt à chercher du coté d’une construction assez anarchique mettant clairement en évidence le coté limité de l’entreprise. Plus que pour les autres films estampillés DC, Green Lantern fait office de véritable produit formaté pour un public résolument jeune. Pas question d’effrayer le cœur de cible avec un héros aux affects trop soulignés (un petit trauma d’enfance suffira), ici le ton est à la légèreté et rien ne dépassera un certain cadre. Preuve en est avec un méchant plus cartoonesque que flippant mais surtout dépouillé de toute perversité en dépit d’un gros crâne qui pourrait aisément le faire passer pour un gros dégueulasse. Pas de  bad guy ultime (comme celui annoncé au terme du générique de fin) mais un Peter Sarsgaard grimaçant et maquillé comme au bon vieux temps des Power Rangers ! Seulement voilà, à défaut d’une approche réellement adulte, on était en droit de s’attendre à un minimum d’inventivité surtout chez un héros comme celui là capable de matérialiser tout ce que son imagination peut concevoir. Las, il faudra se contentera ici de quelques gimmicks peu originaux dont un circuit automobile géant histoire de justifier un partenariat avec Hot Wheels. Heureusement, le concombre géant de DC a plus d’un tour dans sa lanterne.

 

© Warner Bros Pictures

 

En effet, si Martin Campbell n’a pas la rigueur d’un Christopher Nolan, force est de reconnaître que sa mise en scène reste efficace et sans fioritures. Moins punchy que Casino Royale mais nettement plus dynamique que le soporifique Hors de contrôle, la réalisation de Campbell sauve partiellement les meubles et instaure un dynamisme trompeur annihilant partiellement la fadeur d’un scénario cousu de fils verts. En dépit d’un cahier des charges qu’on devine assez contraignant, le réalisateur du Masque de Zorro parvient à gérer sa barque correctement et confirme son statut d’honnête yes man. Devant la caméra, Ryan Reynolds se montre pour sa part assez convaincant en pilote casse cou. Nettement moins insupportable qu’un certain Deadpool ou Hannibal King, le chasseur de vampires pétomane de Blade : Trinity (à croire que DC lui réussit plus que Marvel !), l’acteur instille une espèce de coolitude participant grandement à l’aspect couillon mais attachant du film. Plus porté sur la gouaille que sur la névrose Hal Jordan est l’archétype du héros cool et bien dans ses collants dont le rite de passage vers l’âge héroïque suit un cheminement des plus balisé. Dommage que celui-ci traine les pieds et s’engonce parfois dans des tunnels de dialogues inutiles. A ses cotés, la belle Blake Lively remplit comme il se doit sa fonction de love interest, tandis que Mark Strong en impose dans le costume de Sinestro. Des ingrédients certes maigres mais qui concourent à faire de Green Lantern un divertissement aussi honnête que totalement inoffensif et superficiel.

 
 

Con comme la lune et mal construit, Green lantern évite toutefois le carton rouge grâce à son esprit de douce décontraction. Vite vu, vite oublié, le film de Martin Campbell fait office de gentil petit plaisir instantané.