Critique : Harry Potter et les reliques de la mort – partie 2

 
Un film de David Yates. Avec Daniel Radcliffe, Emma Watson, Rupert Grint. Sortie le 13 juillet 2011
 
Le plus célèbre des sorciers en découd enfin avec son Voldemort d’ennemi dans un final au doux parfum d’apocalypse !

 

 Note  : 3,5/5

 

This is the end…  My lonely friend the end… Bien que cette célèbre chanson des Doors ne figure pas sur la playlist d’Harry Potter et les reliques de la mort – partie 2, elle plane sur le film telle un spectre lancinant. La fin est proche, parfaitement palpable dès les premières images d’une sombre tonalité. Exit couleurs chatoyantes et blagounettes régressives des premiers opus, le versant sombre de la saga, déjà latent dans les précédents opus, prend ici sa pleine mesure. On pleure (pas mal), on rit (un peu) mais surtout on vibre au fur et à mesure que l’inéluctable affrontement final approche. Oui, pour ceux qui en douteraient le jeune Harry a décidé de passer la seconde pour cet adieu placé sous le signe du règlement de comptes à O.K. Poudlard ! Mené à plein régime, HP 7.2  enquille les morceaux de bravoure et embarque littéralement le spectateur dans son ultime virée. Turpitudes ados et action sont ici parfaitement diluées au sein d’une narration qui gagne en fluidité en dépit d’un travail d’adaptation toujours aussi anarchique.

 

© Warner Bros Pictures

 

Autant de qualités qui rendent cette séparation difficile! D’où une réelle émotion qui se dégage en particulier lorsque le film assume enfin son héritage tragique. Tutoyant plus d’une fois des cimes d’une belle puissance émotionnelle, HP 7.2 dégage un amer parfum de sang et de larmes. La Mort y est omniprésente et charge l’ensemble d’une ambiance mortuaire tranchant radicalement avec les autres épisodes. Les amateurs d’humour bon enfant risquent d’en avoir pour leurs frais tandis que ceux qui attendaient désespérément qu’Harry et ses potes gagnent en maturité verront leur patience amplement récompensée. Plus que jamais Harry Potter apparait non pas comme une saga « magique » mais davantage comme un parcours initiatique, un douloureux rite de passage à l’âge adulte dont on ressort les yeux mouillés et le cœur serré. En témoigne un twist dont la teneur (forcément inconnue pour ceux qui n’ont pas lu les livres) remet complètement en question les fondements de la saga. Un renversement de vapeur bienvenu qui fait basculer Harry Potter dans le divertissement adulte.

 

© Warner Bros Pictures

 

On en vient dès lors à regretter que le final magiquement apocalyptique se conclue de manière aussi abrupte. Attendu autant que redouté, l’affrontement Potter/Voldemort gagne en efficacité rythmique ce qu’il perd en puissance émotionnelle. Le chaos lourdement présent jusque là se délite alors brusquement et laisse une étrange impression de vide. D’aucuns diront qu’il s’agit là d’un découlement logique au regard de tout ce que la première partie avait apportée et ils n’auront pas tort. Le précédent opus avait posé les bases, celui-ci solde les comptes et peu importe au final si la dernière partie se montre quelque peu frustrante, il faut se faire une raison : c’est la fin et on aura pas droit à mieux !Car si il était temps que la saga se termine au terme de huit opus oscillant entre l’anecdotique (Harry Potter et la Coupe de Feu) et le franchement enthousiasmant (Harry Potter et l’Ordre du Phoenix) c’est une aventure cinématographique de dix ans qui prend fin avec son univers, ses codes, ses personnages. Même pour les non initiés ça fait un choc ! Adieu Harry et merci pour cette très belle sortie de scène !

 
 

Beau et dense, le final d’Harry Potter marque avec émotion la fin d’une époque mais aussi d’une mythologie de plus en plus intéressante. Pour un adieu, le jeune Harry s’en sort avec les honneurs.