Un film de Gary Ross. Avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Woody Harrelson. Sortie le 21 mars 2012.
Affutez vos couteaux et vos arcs, la vague Hunger Games déferle dans nos salles obscures. Aux armes (jeunes) citoyens !
Note : 3/5
Voilà donc la nouvelle sensation teen supposée reprendre le flambeau après les passages d’Harry Potter et Twilight. Le rapport me demanderez vous ? A l’instar du sorcier binoclard et du vampire amoureux, Hunger Games est avant tout un phénomène littéraire de trois tomes écoulés à trente millions d’exemplaires. C’est dire si son adaptation ciné était attendue au tournant. Quel verdict alors pour ce Battle Royale djeun’s où vingt quatre ados s’affrontent à mort pour satisfaire aux desiderata d’une société despotique ? Plutôt pas mal en fait. Un peu de survival, un zeste d’anticipation et juste ce qu’il faut de romance, telle est la recette de cette adaptation à la mécanique relativement bien huilée. Que ceux qui s’attendaient à un joli jeu de massacre entre pré pubères, rebroussent chemin : si Hunger Games se la joue Running Man très soft, ses enjeux se situent moins dans son coté survival que dans ses portraits ados voués à être broyés par une machine totalitaire ne jurant que par la loi du plus fort. Une bonne chose ? Oui et non. Oui dans la mesure où Hunger Games détonne par son coté atypique. Au plus près des corps, Gary Ross se fend ici d’une mise en scène assez sobre (pour un blockbuster s’entend) flirtant parfois avec un certain naturalisme. Filmant son récit à hauteur d’ados , il fait le pari d’offrir un récit initiatique très sombre où le passage à l’age adulte se fait au dur prix du sang. Pas de quoi crier aux débordements gores mais il faut bien reconnaître que certaines séquences sont particulièrement dures pour le public visé. Plus intelligent qu’il n’en a l’air, le film fustige de manière plutôt maligne la société du spectacle et son aura ultra concurrentielle. Plutôt gonflé pour une grosse machine !

Ce qui fait défaut au métrage ne réside pas dans son fond assez astucieux (en soi Hunger Games est un divertissement assez intelligent) mais dans son manque de souffle lyrique et son rythme en dents de scie. Tout du long, le film semble se chercher, quitte à faire du surplace. Si la propension à ne jamais céder aux sirènes du sentimentalisme est une intention louable, elle isole le spectateur de toute réelle implication émotionnelle. D’où l’impression de voir les personnages nouer des relations superficielles, préfabriquées mais jamais réellement sincères. Et ce jusqu’à un instant T où le film atteint un moment de grâce (cristallisé par une mort particulièrement touchante) avant de retomber petit à petit comme un soufflet. D’autant plus dommage que la première partie affiche clairement des enjeux ne demandant qu’à être creusés en particulier concernant quelques fascinants personnages secondaires dont un Woody Harrelson excellent en mentor cynique. Mais à force de jouer la carte du contre emploi, Hunger Games risque de lasser un cœur de cible pas encore conquis par les livres originaux. Ici, on joue la carte de l’adaptation fidèle (pour ne pas froisser les aficionados) en capitalisant à mort sur le coté identification. Sauf que voilà encore une fois il faudra surement être passé par la case lecture pour se sentir concerné. De fait, certains risquent de trouver le temps long et surtout se demander pourquoi dérouler sur deux heures vingt une intrigue qui aurait pu facilement être resserrée. Voilà c’est lâché, on est désolés de le dire mais les spectateurs en manque d’action risquent de s’ennuyer copieusement. On en vient dès lors à se demander si ces cruels jeux n’auraient pas été plus efficaces sous la forme d’une série TV, afin de pouvoir davantage se focaliser sur des personnages condamnés ici à tomber comme des pions. En définitive, si Hunger Games ne manque pas d’attraits et offre d’intéressants niveaux de lecture, il demeure un poil surévalué.
Culotté à bien des égards, Hunger Games reste toutefois un peu trop fermé aux non initiés. Les autres devraient trouver leur compte. Tant mieux car ce n’est pas tous les jours qu’on voit un divertissement intelligent.