Critique : Independance Day – Resurgence

 

Un film de Roland Emmerich. Avec Jeff Goldblum, Liam Hemsworth, Bill Pullman. En salles depuis le 20 juillet 2016.

 

Après avoir détruit le monde un nombre incalculable de fois, Roland Emmerich remet le couvert dans une suite de son plus gros succès cinématographique. Mais cela s’imposait-il vraiment ?

 

Note : 1,5/5

 

Bon par quoi commence-t-on ? Ben par l’histoire. Ok : «  20 ans après, ils reviennent ». C’est tout ? Ben ouais, vous vous attendiez à quoi ? Des explosions à foison ? Un complot alien de grande ampleur destinée à dissimuler la vérité sur William Shakespeare, l’origine des pyramides, le tout saupoudré de prédictions mayas sur la fin du monde ? Non mais vous vous êtes cru dans un film de  Roland Emmerich ? Car s’il y a une chose que cet Independance Day : Resurgence n’est pas c’est bien une tambouille 100% emmerichienne. En pilotage automatique, le cinéaste sacré « spécialiste ès destructions massives et relents de patriotisme exacerbé » (du moins avant que Michael Bay ne lui pique la place avec pertes et fracas) semble ici  pris d’un sacré coup de mou, se singe à outrance, distille des explosions sans trop vraiment y croire pour finir par se perdre dans un maelstrom numérique à faire saigner les yeux d’un épileptique borgne. Arrivé beaucoup trop tard, surfant sur une nostalgie éteinte malgré le caractère toujours aussi fun de son prédécesseur, ID4 :Resurgence tente tant bien que mal d’insuffler du sang neuf à un blockbuster très (trop?) symptomatique de son époque. Culte pour certains, insupportable de bêtise pour d’autres, ID4 premier du nom avait au moins pour lui cette décomplexions absolue, cette générosité sans bornes qui, à défaut d’en faire un bon film, le rendait éminemment sympathique. Ce second degré, d’autant plus difficile à déceler qu’il semblait involontaire à l’époque, fait totalement défaut à Independance Day : Resurgence. A toutes les « qualités » du film matriciel répondent ici des contrepoints flagrants comme autant de clous plantés dans le cercueil de cette résurgence qui n’aurait pas du (re)surgir.

 

20th Century Fox
20th Century Fox

 

A commencer par le traitement réservé aux personnages. Si ID4 affichait une durée beaucoup trop longue, c’était pour mieux installer ses personnages, ses enjeux, notions totalement éludées puisque les protagonistes de cette suite sont ici très rapidement introduits, à peine esquissés pour être réduits au final à des archétypes (le casse-cou, le fils prodigue désireux de marcher sur les traces de son père…) pour lesquels l’empathie frise le zéro pointé. Et si Jeff Goldblum est toujours aussi cool (il tient littéralement le film sur ses épaules), sa désinvolture, son vrai/faux manque d’implication peine à dissimuler un je-m’en-foutisme général qui se ressent jusque dans les scènes de destruction autrement moins impactantes et iconiques que celles de son ainé. Emmerich ne semble plus croire en la puissance du kaboom, lui qui il n’y a encore pas si longtemps en avait fait son credo dans le très fun White House Down, chant du cygne emmerichien. En bâclant ses personnages et ses enjeux dramatiques réduits ici à des deus ex machina ridicules (dont un qui ne manquera pas d’interpeller les joueurs de pétanque et/ou de Pokémon), ID4 : Resurgence annonce clairement la couleur et se présente comme un objet certes opportuniste mais surtout très paresseux tant dans sa forme que dans son fond. Sous couvert de vouloir mettre en place une nouvelle mythologie, Rola nd Emmerich use et abuse de tics narratifs directement inspirés du médium télévisuel à grands renforts de side stories inutiles greffés ici et là pour rallonger la sauce de manière totalement artificielle. D’où l’impression de se retrouver au final devant un luxueux pilote de série TV, de celles qui ne passent pas l’épreuve de la première saison. On zappe !

 

Désincarné dans tous les sens du terme, ID4 : Resurgence a le mérite de réévaluer à la hausse son imparfait mais tellement fun ainé.