Un film de James Wan. Avec Patrick Wilson, Rose Byrne, Leigh Whannell. Sortie le 15 juin 2011.
Les sales gosses de Saw nous refont Poltergeist. Trouillomètre à zéro ou zygomatiques en folie ?
Note : 3,5/5
Avec Saw, le newbie James Wan faisait une entrée fracassante dans le cinéma d’horreur en inaugurant sans le savoir une franchise qui allait s’étendre sur sept ( !) opus. Tout juste libéré du joug de son horrible Jigsaw, le jeune cinéaste continua sur sa lancée témoignant sans cesse d’un amour profond pour le cinéma de genre. Ses deux avants derniers films, Dead Silence et Death Sentence prêtaient respectivement allégeance à la Hammer et au célèbre justicier incarné par Charles Bronson. Avec Insidious, Wan semble partir vers des versants plus européens avec cette histoire de vraie/fausse maison hantée lorgnant du coté d’un certain Alejandro Aménabar. Un changement de cap qui se ressent jusque dans une réalisation moins tape à l’œil qu’à l’accoutumée mais beaucoup plus fluide. A l’instar de tout un pan du cinéma fantastique ibérique, le cinéaste mise davantage sur la terreur sourde de l’indicible que sur celle, tonitruante, des torture porn qu’il ressucita malgré lui. Très classique dans son déroulement, la première partie recycle les codes du film de maison hantée à grands renforts de jump scare et autres petits effets de manche rigolo. En pilote automatique, James Wan se montre toutefois beaucoup plus efficace que son producteur Oren Peli (réalisateur du soporifique Paranormal Activity) dans sa propension à injecter ici et là des éléments surnaturels au sein d’un quotidien très banal. Assagi le Wan ? Que nenni. Car ce qu’on ne vous dit pas c’est que si le réalisateur de Saw joue les roublards de service c’est pour mieux surprendre son public et l’emmener vers une toute autre direction. Vous pensiez que ça allait être une petite promenade tranquille ? La bonne blague !

Installé confortablement dans son fauteuil, le spectateur non aguerri s’amuse depuis trois bons quarts d’heure des gentils roulements de tambour orchestrés par ce sacré James. Jusqu’à l’apparition du boogeyman de service. Et là… c’est le drame ! Croisement improbable entre Darth Maul, Freddy Krueger et un bouc mal léché, la nouvelle sale bête crée par Wan et son comparse Leigh Whannell risque bien d’être à l’origine de sacrées nuits blanches. Et tant pis si Whannell essaye de détendre l’atmosphère en ghostbuster un peu neuneu, le mal est fait : on a PEUR et nos ongles sont déjà rongés jusqu’à l’os ! Dès lors embarqué dans un voyage onirique convoquant aussi bien La Quatrième Dimension que Poltergeist, on en vient à maudire ce petit con de cinéaste de nous foutre le trouillomètre à zéro avec son méchant de carnaval et son ambiance pesante où le taux de stress se mesure au gré des pérégrinations fantasmagoriques de Patrick Wilson. Sorte d’Orphée macabre sur le mode « Mon fils, ma bataille », Insidious fait alors honneur à son titre et devient un bon gros film de trouille à cheval entre farce funeste et série B très 80’s. Sans fioritures, nanti d’une superbe photo, le film nous entraine sans mal dans son ténébreux voyage. Ici, apparitions flippantes, ambiance glauquissime et sound design tonitruant semblent alors agir de concert pour rendre l’expérience éprouvante au possible. Emerge dès lors chez le spectateur le plaisir paradoxal d’une vraie peur ressentie durant une virée au premier degré assumé de bout en bout. C’est un peu ça Insidious : une version sous acides du Manoir hanté de Disney, assez inventive pour surprendre et réserver quelques sueurs froides. Et ça c’est suffisamment rare pour être souligné !
Virée cauchemardesque au pays de la peur, Insidious marche de prime abord sur les plates bandes de Paranormal Activity pour mieux rendre hommage au grand cinéma d’horreur. Sincère et efficace.