Un film de Juan Carlos Fresnadillo. Avec Clive Owen, Carice Van Houten, Daniel Bruhl. Sortie le 11 janvier 2012.
Clive Owen se demande s’il a peur du grand méchant loup dans le nouveau film du réalisateur de 28 semaines plus tard. Mouais…
Note : 1/5
Cela fait cinq ans maintenant qu’on attendait le grand retour de Juan Carlos Fresnadillo dont l’excellent 28 semaines plus tard nous avait scotché à notre siège en nous foutant quelques belles branlées au passage ! Cinq ans qu’on se demandait si sa suite du film de de Danny Boyle était un heureux accident ou l’avènement d’un prodige à suivre de très près. Aujourd’hui avec Intruders la réponse semble toute trouvée… à notre grand dam. Et pourtant les choses ne semblaient pas si mal parties : une pluie diluvienne, un enfant terré dans son lit, un boogeyman au long imper… en une séquence seulement le film de Fresnadillo invoque le cinéma de Guillermo Del Toro dans ce qu’il a de plus inquiétant. Une formule certes connue mais qu’on espérait voir ici teintée d’une plus grande violence, une perversité dont Del Toro et ses poulains se sont toujours préservés jusque là. Résultat des courses : l’ancien jeune espoir accouche d’un beau soufflet aussi travaillé sur la forme que paresseux sur le fond.

Faisant le grand écart entre l’Espagne et l’Angleterre, Intruders suit les destins parallèles de deux familles, l’une espagnole, l’autre britannique, confrontés au même terrifiant individu. D’un coté, une mère célibataire protégeant son fils, de l’autre un père (Clive Owen) dont la santé mentale semble se déliter au fur et à mesure que les terreurs de sa fille se concrétisent. S’en suit un jeu de pistes poussif où les différents allers et retours ne servent qu’à meubler une intrigue d’une rare vacuité. Autant dire qu’on s’ennuie royalement jusqu’au twist final aberrant de bêtise où Fresnadillo semble tendre un bon gros majeur au spectateur jamais mené en bateau mais toujours pris pour un imbécile. On voit bien où celui ci veut en venir : sonder les peurs enfantines et leurs caractères contagieux. Sauf qu’à trop disserter sur le sujet, le cinéaste finit par faire du surplace égrainant poussivement les pièces d’un puzzle faussement complexe. Une certaine idée de l’esbroufe que ne parvient pas à sauver la très belle photographie d’Enrique Chediak (127 heures). Dommage car nanti d’un meilleur scénario, Intruders aurait pu être un beau morceau et non pas ce melting pot recyclant de manière opportuniste le cinéma fantastique ibérique. N’est pas Del Toro qui veut !
Poussif et paresseux, ce vrai/faux film fantastique aux airs de Labyrinthe de Pan du pauvre montre bien les limites d’un certain cinéma de genre espagnol voué à se singer.