Un film de Jeff Wadlow. Avec Aaron Taylor-Johnson, Chloé Grace Moretz, Jim Carrey. Sortie le 21 aout 2013.
Une suite honorable mais loin de trouer le c** !
Note : 2,5/5
Lorsque Kick-Ass est sorti en 2010, le petit monde du comic book live était sur le point de recevoir une jolie petite fessée. Arrivé un an avant le trashy Super (son jumeau diabolique), il livre une vision différente de la figure du super héros. Totalement marginalisée, celle-ci se voit dépouillée de toute son aura mythique pour se muer en exutoire d’un quotidien délétère. La grande force du film « matriciel » de Matthew Vaughn fut d’avoir su se réapproprier intelligemment le comics de Mark Millar sans jamais en trahir l’esprit que ce soit dans sa retranscription très graphique – mais jamais gratuite- de la violence que dans sa farouche volonté de tordre le cou avec tendresse et respect aux figures imposées du genre. Postmoderne jusqu’au bout des ongles, le méta bébé de Vaughn était aussi habité de cet esprit pop qui en faisait tout le sel. Trois ans plus tard, alors que le comic book movie revisite son Histoire avec plus (The Dark Knight Rises) ou moins (The Amazing Spider-Man) d’audace, la marge a t elle encore une place dans nos salles obscures ? Une question épineuse à laquelle Kick-Ass 2 répond en mode mi figue mi raisin. Il y a clairement deux façons d’aborder le film de Jeff Wadlow : avec les yeux du spectateur prenant comme point de référence le premier volet réalisé par Matthew Vaughn ou avec celui du bédéphile qui aura rongé son frein en lisant le comics de Mark Millar. En fonction de cela, l’impact de la déception sera moindre. Les premiers y verront surement une agréable suite tout en déplorant l’absence de la patte Vaughn, tandis que les seconds trouveront surement le résultat un peu aseptisé au regard de ce qu’ils avaient précédemment lus. Mais pour citer un fan « kickassien » de la première heure : « faire pareil que le comics ça équivaudrait à se coltiner une interdiction aux moins de 18 ans ». Vous voyez le dilemme !

Il faut dire qu’en l’état le matériau d’origine était difficile à adapter. Âpre et sans concessions, le second volume papier des aventures de Kick-Ass repousse le concept de son prédécesseur dans ses retranchements via un nihilisme toujours plus appuyé. S’il en respecte les très grandes lignes, son adaptation ciné ne semble en avoir retenu que le cheminement narratif et quelques envolées violentes sans avoir su toutefois lire entre les bulles. Une approche à double tranchant tantôt réjouissante (c’est rarement édulcoré) tantôt déconcertante quand les rares libertés prises visent à trahir le matériau d’origine. En témoigne entre autres un final beaucoup trop cartoonesque – et paradoxalement aseptisé – là où le comics original se clôturait par apocalyptique combat urbain plein de bruit et de fureur. En optant pour une lecture très littérale (pour ne pas dire premier degré), le film passe partiellement à coté de ce qui fait la substance de son modèle. Pire, il dilue le malaise provoqué par ce dernier dans un discours redondant et consensuel sur le nécessaire retour à la réalité. Dommage car en l’état on ne peut pas dire que Kick-Ass 2 soit un mauvais film, loin de là : les répliques font mouches, la violence interpelle et les apparitions de Hit-Girl sont toujours aussi… couillues. Avouons le : le plaisir de voir nos bras cassés de la justice s’en prendre plein la tronche est toujours aussi intacte mais au fond quelque chose cloche, un peu comme si Kick-Ass 2 semblait être tombé dans son propre piège de divertissement consensuel. Une impression à mettre surtout au crédit de Jeff Wadlow, (le très mauvais Cry Wolf) dont la réalisation très passe partout sied mal à l’esprit punk de l’entreprise et renforcée par les incartades aussi inutiles qu’à coté de la plaque sur le terrain du teen movie. En confondant humour et ironie, Wadlow montre bien qu’il n’a pas bien compris le propos de Millar. Trahir c’est bien, encore faut il savoir le faire a bon escient ! Qu’à cela ne tienne : ceux n’ayant pas lu le comics passeront certainement un bon moment, les aficionados, eux, risquent de regretter un manque d’audace certain sans toutefois crier au scandale.
Alors que Kick-Ass se voyait comme une déclaration d’amour totalement iconoclaste aux comics, sa suite prend le parti de lui emboiter le pas sans toutefois prendre la distance et les libertés nécessaires pour ne pas tomber dans la redite.