Un film de Drew Goddard, avec Kristen Connolly, Chris Hemsworth, Anna Hutchison. Sortie le 2 mai 2012
Avant de partir en guerre avec les Avengers, Joss Whedon s’est encanaillé via cette pelloche incandescente en forme de cri d’amour au genre. Le papa de Buffy n’aura décidemment pas fini de nous surprendre !
Note : 3,5/5
Malgré ce que son affiche laisse présager La Cabane dans les Bois ne va pas seulement vous retourner le cerveau mais aussi l’estomac. Tout commence pourtant dans la douceur au cours d’une première partie triturant la matière grise à force de paranoïa exacerbé. Il faut dire qu’avec son lot de caméras cachées, bases secrètes et autres dialogues étranges, le film de Drew Goddard ne lésine pas sur les moyens pour nous faire douter de notre santé mentale. Imaginez vous donc à la place de nos cinq couillons de protagonistes, jeunes oisifs venant gouter aux joies des plaisirs bucoliques et charnels, découvrant petit à petit que leur bicoque de campagne recèle de bien lourds secrets. Vous vous sentez épié ? Pensez vous c’est dans votre tête ça. Allez rendormez vous et surtout n’oubliez pas de réviser votre petit guide « le cinéma d’horreur pour les nuls ». On ne sait jamais ! Un petit air de mystère souffle sur cette drôle de cabane qui multiplie les éléments cryptiques un peu comme si J.J. Abrams avait soudainement pris les commandes d’un survival pas comme les autres. Difficile d’aller plus loin sans révéler les tenants et aboutissants de cet OFNI qui passe sans crier gare du stade de casse méninge champêtre à celui d’orgie gore. La Cabane dans les Bois c’est un peu la rencontre entre Cube et Tucker & Dale fightent le Mal, soit la conjonction entre le cérébral et la révérence geek. A l’image du récent délire d’Eli Craig, La Cabane dans les Bois déconstruit puis reconstruit un à un les éléments fondateurs du cinéma de genre pour mieux poser sur ce dernier un regard distancié mais amusant. La mise en abyme ne servant ici aucun cynisme mais au contraire un amour réel pour le cinéma qu’il convoque.

Amusante allégorie sur notre perception de la réalité et l’ancrage de certaines icones dans l’inconscient collectif , le film de Goddard offre un regard amusant et neuf sur une certaine culture populaire. La peur comme moteur ultime, un concept à la limite de l’abscons mais qui prend ici une forme incroyablement accessible grâce à un spécialiste en la matière. D’un deus ex machina télévisuelle à un autre il n’y a qu’un pas puisqu’à l’écriture on retrouve non pas l’ami J.J. mais le désormais très recommandable Joss Whedon. Non content de nous asséner d’une multitude de référence, il instille une réelle malice dans son récit de celle qui faisait le sel des meilleurs épisodes de Buffy à savoir les plus conceptuels. Survival, teen movie, slasher…. Tout le cinéma de trouille passe à la moulinette de ce porte parole geek qu’on sent autant nourri par Hellraiser que Delivrance engloutis à la suite entre deux masticages d’Evil Dead. Mais à trop jouer la carte du contre emploi, La Cabane dans les Bois finit par devenir quelque peu prévisible. Cela n’empêche toutefois pas le spectateur, devenu complice, de se prendre au jeu de ce méta survival plus malin qu’il n’en a l’air. Car si le trouillomètre se situe dans une bonne moyenne, le second degré diffus suffit à rendre l’ensemble diablement emballant. Contrairement au funeste Scream 4, le film invite le public à s’amuser avec lui et non à ses dépens en étant le plus honnête possible dans sa manière de régurgiter ses références. L’écriture ultra millimétrée ne laisse aucune place au hasard et se révèle d’une incroyable efficacité. Peu importe le chemin balisé, un squelette se cachera toujours derrière un arbre pour nous surprendre. Et ça, c’est suffisamment rare pour être évoqué.
Promenade ludique au pays de l’horreur, La Cabane dans les Bois se révèle sacrément punk et nihiliste derrière un enrobage faussement convenu. Méfiez vous des apparences !