Critique : La Colère des Titans

 
Un film de Jonathan Liebesman. Avec Sam Worthington, Liam Neeson, Ralph Fiennes. Sortie le 28 mars 2012.

 
Sam Worthington est très colère contre les Titans. Ca va chier !

 

Note : 2 ,5/5

 

Deux ans après Le Choc des Titans, Jonathan Liebesman donne suite aux aventures de Persée, demi dieu qui aura fait mordre la poussière aux sadiques Titans. Bis repetita ? Pas tout à fait puisqu’en faisant appel au réalisateur du sombre Massacre à la Tronçonneuse : le commencement, la Warner comptait bien redorer le glaive de Persée, soi disant entaché par un premier opus bien mal aimé. Ainsi, cette suite obéit à la traditionnelle loi du bigger, better & louder. Si coté bigger et louder, le cahier des charges  est plutôt bien rempli, il y a bataille niveau better. Non pas que ce second chapitre soit raté mais il lui manque cette rage inhérente au film de Letterier. Au punch de ce dernier, Liebesman oppose une mise en scène plus guérilla, aléatoire, comme si le réalisateur ne s’était pas remis de son belliqueux et redondant World Invasion : Battle L.A. Priorité ici est donnée aux longues focales et à un traitement très sec de l’action. Pour le reste,  le film fait office de fac quasi similé de son ainé avec monstres à gogo, références mythologiques en pagaille,  et bien sur un Sam Worthington serrant toujours aussi bien la mâchoire. Un temps, La Colère des Titans fait illusion au point de nous laisser espérer une version light de God of War. Hélas, le gamer cinéphile déchantera vite devant ce nouveau périple qu’il risque de suivre avec une attention toute relative tandis que les novices  pourraient bien  être séduits par cette relecture bourrine de la mythologie. Car non, cette colère divine n’ambitionne de remplir les promesses non tenues de son prédécesseur mais plutôt de s’inscrire dans la droite lignée de ce dernier avec un nouveau bestiaire et un budget qu’on imagine bien en deçà des 125 millions de $ dont avait joui Letterier. Ou quand le film d’exploitation succède au blockbuster pur.

 

Sam Worthington dans La Coleer des Titans de Jonathan Liebesman
© Warner Bros Pictures

 

Ce qui gêne surtout dans La Colère des Titans c’est sa construction catastrophique étouffant quasiment dans l’œuf un potentiel pourtant énorme. En pilotage automatique, le réalisateur enquille les séquences de manière très linéaire et métronomique tandis que la présence de scènes coupées se fait douloureusement ressentir. D’où l’impression d’assister parfois à un véritable bout à bout sans véritable fil narratif, un peu comme un long trailer entrecoupé de chutes de montage pour faire le lien. Aussi n’est on pas étonné de voir les seconds rôles méchamment sacrifiés, qu’il s’agisse de Toby Kebell (l’Apprenti Sorcier) en sidekick mal exploité ou du très talentueux Edgar Ramirez qui ne semble pas savoir ce qu’il fait ici. A l’instar du Choc des Titans, le final de cette suite déçoit aussi par son manque d’ampleur et sa résolution expédiée.  Tout n’est cependant pas à jeter dans cette suite moins catastrophique que prévue. En effet, on remarquera que si les dieux ont  laissé tomber leurs costumes brillants estampillés Chevaliers du Zodiaque, c’est pour mieux gagner en respectabilité et faire fi de toute kitscherie superflue. Moins cabotins qu’à l’accoutumée, Liam Neeson et Ralph Fiennes semblent ici davantage investis et confèrent une plus grande épaisseur à leurs personnages en restant d’une dignité absolue. Voir les deux acteurs défourailler du démon à l’unisson n’en devient alors que plus grisant. Mais le film est surtout l’occasion pour Liebesman de s’amuser comme un petit fou avec la 3D à l’occasion de mini morceaux bravoures comme autant de prétextes pour balancer tout et n’importe quoi à la face du spectateur. C’est peut être comme ça qu’il faut voir La Colère des Titans : une bonne grosse attraction cinématographique à déguster en 3D. Alors oui, le résultat est inégal et bourré de défauts mais son cachet fun le place bien au dessus des suites sortant directement en vidéo auquel il sera inévitablement comparé. C’est toujours ça de pris !
 
 

Plutôt frustrant, La Colère des Titans a toutefois le mérite de rester à sa place d’honnête série B là où d’autres se seraient facilement donnés des airs de blockbuster mal dégrossis.