Un film de Goro Miyazaki. Avec les voix originales de Masami Nagasawa, Junichi Okada, Keiko Takeshita. Sortie le 11 janvier 2012.
Le fils du grand Hayao Myazaki adapte son père pour mieux se démarquer à travers cette belle histoire sur le poids du passé.
Note : 3,5/5
La Colline aux coquelicots est un film hanté… non pas par un fantôme qui aurait oublié de se laver les chevaux mais par le spectre d’un Japon en pleine mutation. Japon, années 60, alors que le pays du soleil Levant panse les plaies d’Hiroshima et Nagasaki, le progrès est en marche, laissant peu à peu l’urbain prendre le pas sur le rural. C’est dans ce contexte que se rencontrent la volontaire Umi et l’intrépide Shun. Entre les deux jeunes lycéens, l’alchimie est immédiate mais un lourd secret va bientôt menacer leur relation. Après le très décrié Contes de Terremer , Goro Myazaki, fils du grand Hayao revient là où on ne l’attendait pas forcément…à quelques milles du cinéma de Papa. Etonnamment contemplatif, son deuxième film s’inscrit davantage dans une veine sociale là où tout le monde attendait une énième envolée écolo. Perdu, cette jolie colline est plus terre à terre et c’est tant mieux. Il en résulte une chronique au charme surannée autant portée par ses attachants personnages que par son ambiance de douce mélancolie. Contemplatif sans jamais céder à l’ennui La Colline aux coquelicots laisse parler les regards, les corps et agit comme une exquise mélodie où l’humour le dispute constamment à la mélancolie non sans nous faire verser notre petites larmes au détour de très belles séquences.

Ce qui n’empêche pas La Colline aux coquelicots d’être habité par la figure paternelle tant devant que derrière la caméra. Ainsi, l’absence du padre et l’acceptation de celle-ci, leitmotiv du film entretient d’étranges résonnances avec la démarche de Myazaki fils telle que décrite plus haut. Goro a t-il tué son père pour mieux reprendre le trône ? Non. En situant son intrigue dans un contexte profondément réaliste, loin de tout onirisme, Goro Myazaki s’affranchit de son papounet de la plus belle des manières en s’inscrivant davantage dans la mythologie Ghibli que dans le giron familial. Comprendre par là que le fils devenu homme a accepté plus que jamais ses limites, exhorté par un père dont le perfectionnisme l’aura poussé à se démarquer à tout prix. Une bien belle leçon où l’on apprendra que la transmission prend parfois de singulières formes. Car si La Colline aux coquelicots pêche par un rythme parfois trop lancinant et quelques maladresses, c’est bien ce qui fait tout le charme de ce second essai.
Mignon tout plein, le nouveau film de Myazaki fils consacre un auteur qui s’ignorait jusque là. A voir !