Un film de Phyllida Lloyd. Avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Susan Brown. Sortie le 15 février 2012.
Meryl Streep enfile permanente et dentier pour la réalisatrice de Mamma Mia. Y’a de la performance dans l’air !
Note : 2/5
Voici venir le temps des biopics… Après J. Edgar Hoover passé sous le microscope jazzy de Clint Eastwood, c’est au tour d’une autre figure politique – britannique cette fois – de voir sa vie retracée sur grand écran. Cette figure c’est Margaret Thatcher, l’une des femmes les plus admirées mais surtout hai (du moins pour tout syndicaliste qui se respecte) d’Angleterre pour sa politique menée d’une poigne de fer souvent au détriment du prolétariat briton. Autant le dire tout de suite : les natures curieuses de creuser davantage la personnalité complexe de cette Dame de Fer et les répercussions de son « règne » sur la société britannique en auront pour les frais. Pas question ici de dresser un tableau de l’Angleterre sous l’ère Thatcher ni même de tirer à boulets rouges sur cette personnalité controversée. A l’image du J. Edgar d’Eastwood, La Dame de Fer pâtit d’un cruel manque de point de vue, voire d’implication personnelle pour ne pas dire politique. Mais là où le film de Clint Eastwood tirait son épingle du jeu par une mise en scène classieuse et travaillée , celui de Phyllida Lloyd (réalisatrice de Mamma Mia) opte pour une réalisation plus bariolée à cheval entre académisme forcé et fautes de gout prononcées. A trop jongler entre passé et présent, La Dame de Fer finit par ne se poser nulle part, proposant une sorte de « Maxi Best Of Margaret Thatcher » là où une narration moins morcelée, plus linéaire aurait été la bienvenue. Un patchwork ne servant à final qu’à palier un manque certain de prise de position.

Dommage car dès lors qu’on abandonne toute idée d’y voir un film politique, La Dame de Fer finit par devenir presque séduisant. Un tour de force que l’on doit principalement à une excellente distribution. A commencer par Meryl Streep qui se glisse avec délice et délectation sous la permanente de cette chère Margaret. Jamais cabotine , l’actrice offre une très belle prestation et insuffle un peu plus de substance au personnage . Sans jamais tomber dans le piège du mimétisme bêta, elle incarne in fine non pas tant Thatcher qu’une femme regardant avec nostalgie un héritage politique s’effriter au gré d’une société ayant évoluée sans elle. Et c’est peut être là que se situe le cœur du film dans cette réflexion sur la mémoire comme nécessité première et rempart contre l’oubli. Une approche à double tranchant car tendant à humaniser Thatcher malgré une neutralité affichée. Le second gros atout c’est Jim Broadbent, impérial en mari fantomatique et pragmatique. A l’origine de quelques unes des plus belles scènes film il nous raccroche à une humanité faisant grandement défaut à l’ensemble.
Ni accusateur, ni partisan, La Dame de Fer ne sait sur quel pied danser et oscille trop entre biopic et réflexion sur la vieillesse. A trop jouer à la girouette, la réalisatrice finit par tomber malgré elle dans le piège du parti pris.