Un film de Phil Lord et Chris Miller. Avec les voix originales de Chris Pratt, Elisabeth Banks et Will Arnett. Sorti le 19 février 2014.
Après avoir envahi les foyers à travers moult déclinaisons, la marque Lego s’invite dans les salles de cinéma. Et vous savez quoi ? C’est vachement bien !
Note : 3,5/5
Depuis 1949, la marque Lego s’est fait un véritable nom dans le domaine du jeu de construction au point de devenir une référence incontournable en la matière grâce notamment aux nombreuses licences qu’elle a pu décliner en mode briques jaunes. Aujourd’hui alors que la marque a investi nombre de médiums, elle s’attaque aujourd’hui au cinema via un long métrage vendu comme « bigger than life ». Pari tenu ? Oui et mille fois oui ! Dans La Grande Aventure Lego, Emmet, un ouvrier lego lambda, découvre un mystérieux artefact convoité par le terrible Lord Business afin de détruire le monde. Commence alors pour ce héros malgré lui, une grande aventure aux multiples péripéties. Entre n’importe quelles mains, cette grande aventure Lego aurait pu se résumer à une œuvre bassement mercantile visant à vendre le plus de lego possibles. Et si on ne doute pas que cette perspective a du trotter dans la tête de nos amis les executives, un « petit » détail fait la différence. En effet, derrière la caméra on retrouve Phil Lord et Chris Miller le duo derrière le frappadingue Tempête de boulettes géantes. Et quand on se remémore le formidable travail de désacralisation que les deux loustics ont opéré avec leur version ciné de 21, Jump Street on peut être certain que le résultat sera tout sauf futile. Plus qu’une déclinaison sur grand écran, le film est l’illustration même du divertissement intelligent tant par le propos qu’il véhicule que par son savant mélange entre rires et émotions.S’adressant aussi bien aux enfants qu’à ces grands mômes que sont les adultes, il multiplie les références prêtant autant allégeance au cinéma de Big John Carpenter (avec Invasion Los Angeles en ligne de mire) qu’à celui d’un certain géant nommé Pixar.

Un mélange atypique que le long métrage élève au rang de philosophie, soucieux qu’il est de ne laisser personne sur le bas côté et de cultiver cette idée de partage intergénérationnel dont la marque Lego s’est faite l’écho en traversant les âges. Car tout jeu digne de ce nom se doit d’être ludique et jamais renfermé sur lui même. C’est ce que semble nous dire le film qui s’érige (c’est le cas de le dire) contre le conformisme. La démarche peut paraître opportuniste de la part d’un long métrage littéralement bâti autour de la célèbre marque, à la différence près qu’il apparaît ici comme totalement raccord avec les univers précédemment crée par les deux réalisateurs. A l’image de Flint, l’excentrique jeune inventeur de Tempêtes de boulettes géantes, Emmet est un garçon pétri de bonnes intentions en perpétuelle quête de reconnaissance vis à vis de pairs qui ne l’acceptent pas. A l’image de leurs précédents films, La Grande Aventure Lego est mu par une tendresse infinie à l’encontre de ses personnages, aussi excentriques soient-ils. Ainsi, impossible de ne pas se prendre d’une affection immédiate pour Emmet, Cool-Tag, Vitruvius ou encore un Batman plus cool que jamais, d’autant que chacun bénéficie d’un casting vocal juste parfait. Irrigué par un second degré constant, le film fait la part belle à l’humour et allie parfaitement le sens de la dérision propre au duo Lord/Miller à celui, plus « bon enfant », mais néanmoins très drôle et percutant, de Lego. Il en résulte cent minutes menées à cent à l’heure durant lesquelles petits et grands passent par tout un spectre d’émotion sans jamais être pris pour des vaches à lait. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, on ne peut que vous conseiller de courir voir cette grande aventure beaucoup plus subversive qu’elle n’en a l’air !
Inventif et tendre, La Grande Aventure Lego est une formidable ode à l’imagination. Foncez !