Critique : Le Casse de Central Park


Un film de Brett Ratner. Avec Ben Stiller, Eddie Murphy, Casey Affleck. Sortie le 23 novembre 2011.

 

Brett Ratner embarque Ben Stiller et Eddie Murphy dans un casse impossible. Haute voltige ou gros soufflet ?

 

Note : 1,5/5

 

Unanimement conspué pour avoir flingué la licence X-Men lors d’un troisième opus de triste mémoire, Brett Ratner n’est pas vraiment revenu en odeur de sainteté avec Rush Hour 3. Il était grand temps que le cinéaste abandonne les suites et autres remakes foireux pour revenir à ses premiers amours. C’est chose faite avec Le Casse de Central Park, sorte d’Ocean’s eleven à la sauce prolos, dans lequel d’ex employés d’un immeuble de luxe tentent le cambriolage du siècle. Et si l’on pouvait craindre que l’ensemble sombre dans une réflexion économico-sociale type « la crise pour les beaufs »,  le pitch fleurant bon la cambriole pour bras cassés, et un casting éclectique mettant dos à dos Ben Stiller, Eddie Murphy, Casey Affleck et le revenant Matthew Broderick avaient de quoi la curiosité à défaut d’un réel enthousiasme. Ratner allait-il flancher sous le poids de son cast et laisser de coté blagues racistes et potacheries régressives ? On croisait fort les doigts ! Et si le cinéaste ne tape ici sur aucune ethnie avec la  finesse qu’on lui connaît , c’est au détriment d’un scénario sur lequel les dieux de la comédie ne se sont apparemment pas penchés.

 

© Universal Pictures

 

En pilotage automatique, le réalisateur suit scrupuleusement le cahier des charges d’une intrigue au cheminement somme toute classique. Du prologue à la sempiternelle préparation en passant par le recrutement obligatoire de malfaiteurs du dimanche, tous les poncifs inhérents au film de casse y sont savamment dosés. Correctement emballé, Le Casse de Central Park ne s’autorise toutefois aucune folie au point qu’on en vient à regretter que Ratner ne se lâche pas un peu. La mise en scène a beau être soignée, l’ensemble montre rapidement des signes de fatigue. Un comble au regard de son casting détonnant au fort potentiel comique. Et alors qu’on sentait déjà les vannes entre Stiller et Murphy fuser lors de joutes orales convoquant le meilleur de la comédie 90’s, l’enthousiasme retombe bien vite dès lors qu’on comprend que celles-ci ne dépasseront jamais le cadre d’une pauvre blague en forme de souvenir d’enfance. Seul Casey Affleck tire son épingle du jeu et offre un intéressant décalage tandis que Matthew Broderick se montre clairement sous exploité. Face à eux, Alan Alda se montre diabolique à souhait en simili Madoff sans scrupules. Quelle subversion ! C’est un peu ça Le Casse de Central Park : une série d’actes manqués au service d’un scénario creux n’exploitant  aucun de ses atouts tant devant que derrière la caméra. On retiendra au final une bonne humeur communicative et des acteurs toujours au top bien que jamais mis en valeurs. Dommage, ce casse là on avait envie de l’aimer et d’assister au match du siècle entre deux Titans comiques. Las, il faudra se contenter d’un divertissement gentiment superficiel qui aurait volontiers gonflé les rangs des vidéos clubs sans la présence de Ben Stiller et Eddie Murphy.

 

Aussitôt vu, aussitôt oublié, Le Casse de Central Park ne fera pas date. Dommage car avec autant d’as en mains il y avait largement de quoi faire !