Un film de Catherine Hardwicke. Avec Amanda Seyfried, Gary Oldman, Shiloh Fernandez. Sortie le 20 avril 2011.
Une beauté innocente et pure (ou presque), un triangle amoureux, un loup… Le Chaperon rouge s’amuserait il à cuisiner le conte de Perrault à la sauce Twilight ? Pas sûr…
Note : 2,5/5
Si Kathryn Bigelow était rentrée au couvent elle se serait surement appelée Catherine Hardwicke. Le raccourci a l’air facile comme ça mais il y a chez les deux cinéastes cette même volonté de sonder les psychés par l’entremise d’un cinéma tour à tour esthétisant et frontal. Sauf que là où Bigelow s’intéresse à cette sale bête qu’est l’homme (le tatoué, le vrai !), Hardwicke préfère elle tourner autour de figures plus virginales et féminines. Pieuse tendance réac, la réalisatrice s’est toujours fait fort de pointer le difficile passage à l’âge adulte et l’inévitable perte de l’innocence qui en résulte (comprendre par là le sexe qui fait bobo quand c’est la 1ère fois !). Avec sa romance teintée de fantastique jugulée par un érotisme latent, Le Chaperon rouge à de furieux airs d’ersatz de Twilight pour adolescentes inconsolables de la disparition imminente du couple Bella/Edward. De là à dire que cette relecture du célèbre conte permet à la réalisatrice de renouer avec ses thèmes de prédilection, il n’y a qu’un pas de loup que nous nous garderions bien de ne pas franchir.

Surprise : si le film d’Hardwicke ne rentrera pas dans les anales du genre (faut pas déconner non plus !), il n’est pas non plus l’indigent nanar que sa bande annonce laissait augurer, et demeure son film le plus potable depuis Les seigneurs de Dogtown. Plus proche d’une version médiévale de Newport Beach que de True Blood, ce chaperon là se distingue par une ambiance assez sombre où plane constamment l’ombre du pêché originel. Pas de quoi crier à la débauche tant les effusions de désir ne dépassent jamais le cadre des préliminaires. Certes, l’ensemble sent parfois trop la guimauve (via notamment un final indigeste et ressemblant à un clip de Mylène Farmer !) mais lui reprocher cet état de fait reviendrait à critiquer les exactions pyrotechniques d’un Transformers. Le Chaperon rouge reste un film calibré mais un poil plus pernicieux (mais pas trop hein !) que la flopée d’essais romantico-fantastique auxquels nous avons habituellement droit.

Ici tout y est sous entendu, qu’il s’agisse de la relation entre Valérie et son lover Peter ou l’inattendue connexion (au sens propre du terme) qu’elle entretient avec le Loup. On ne tentera pas de jouer vainement la carte de la psychanalyse de bazar (mieux vaut laisser ça à l’excellent ouvrage de Bruno Bettleheim), mais il faut bien reconnaître que le sous-texte inhérent au conte originel trouve ici de surprenantes résonnances appuyées par un twist final malin et dérangeant. C’est bien ce coté trouble qui fait tout l’intérêt de ce chaperon parfois noyé dans d’inutiles clins d’œil au conte de Perrault et un aspect whodunit, certes amusant au début, mais fatiguant à force de redondances appuyées. A trop coller aux basques de son héroïne et de ses deux têtes d’endives de prétendants (Shiloh Fernandez et Max Irons) Le Chaperon rouge finit par trainer la patte et annihile partiellement ses quelques bonnes idées. On se consolera en admirant la sublime direction artistique et un Gary Oldman cabotin à souhait en prêtre sadique, ce dernier renvoyant à cette noirceur dont le métrage sait si bien se faire le chantre quand il se lâche.
Débarrassé de ses quelques maladresses, Le Chaperon rouge aurait pu être un grand et beau conte noir. Las, il faudra se contenter ici d’une romance assez anodine heureusement rehaussée par une belle réflexion sur la transmission. C’est déjà ça !