Critique : Le Dernier rempart

 

Un film de Kim Jee Woon. Avec Arnold Schwarzenegger, Forest Whitaker, Johnny Knoxville. Sortie le 23 janvier 2013.

 

L’ex Governator opère un retour en grâce dans ce condensé d’action totalement fou. Ou comment débuter 2013 avec panache !

 

 

Note : 3,5/5

 

Annoncé en grandes pompes, le très attendu retour de Schwarzy avait de quoi susciter autant d’enthousiasme que d’appréhension.  Son arrivée dans l’univers très particulier de Kim Jee Woon (J’ai rencontré le Diable) était de loin la perspective la plus intéressante parmi la myriade de projets balancés durant au gré de news diverses et variées.  Une association à priori antinomique mais qui sur le papier et à l’image prend tout son sens. Habitué aux ambiances lourdes et sans concessions, le turbulent cinéaste coréen allait il voir sa singularité sacrifiée sur l’autel de l’efficacité bête et méchante ? Les cas d’expatriés asiatiques ayant quelque peu perdu leur ame en allant au pays de l’Oncle Sam (Tsui Hark, John Woo,  pour ne citer qu’eux), la crainte était de mise quant au caractère aseptisé du résultat. C’était oublier qu’Arnie n’accorde pas sa confiance à n’importe qui. Si le réalisateur d’A bittersweet life met le holà sur l’aspect poisseux inhérent à ses derniers métrages, la brutalité qui a traversé toute sa filmographie est elle bien présente. Loin de s’effacer derrière son intrigue ou même son imposante star, Jee Woon fait de la résistance et instille sa personnalité à travers une mise en scène subtilement travaillée. A contrario d’un Expendables 2 éminemment fun mais o combien aseptisée dans sa réalisation, Le Dernier rempart marie admirablement les deux pour se muer en produit hybride à la lisière entre l’actionner et l’OFNI. Pas assez dingue pour renvoyer à la démesure du Bon, la brute et le cinglé mais suffisamment atypique pour se démarquer du tout venant en matière de films d’actions, ce singulier Dernier rempart est une sorte de western cartoonesque où chaque plan du plus bariolé au plus cheap résonne comme un chant d’amour à la série B américaine. Ici, balles et vannes s’enchainent à une vitesse métronomique dans un grand geyser de fun et d’hémoglobine.

 

© Metropolitan Filmexport
© Metropolitan Filmexport

 

Mais c’est aussi l’occasion pour Schwarzy d’effectuer un retour en grâce loin d’être pathétique. Malin, le scénario intègre comme il se doit l’âge de son héros et offre un regard sur le temps qui passe et l’iconisation qui transcende les préoccupations d’un Stallone période Expendables. Et le moins que l’on puisse dire c’est que du haut de ses 65 ans, l’acteur a encore de l’énergie à revendre et bien des leçons à donner aux petits jeunes ayant convoité un peu trop prématurément son trône. Toujours crédible, jamais ridicule, Arnold assure dans la peau d’un shérif faussement placide. A ses cotés, Johnny Knoxville joue les sidekicks jackass avec tout le cabotinage qui lui est du et parvient à être totalement raccord avec l’esprit à la fois déglingué et teigneux du métrage. On regrettera toutefois que le reste du casting (Rodrigo Santoro, Jamie Alexander…) ne soit pas totalement à l’avenant tenant plus des figures imposées. Alors oui le génial Forest Whitaker et la caliente Genesis Rodriguez font plus de la figuration qu’autre chose mais force est de reconnaître que l’énergie grisante qui se dégage de ce Train sifflera trois fois sévérement burné palie les quelques défauts de l’ensemble. On peut faire moult reproches au Dernier Rempart mais ce serait oublier que le film n’a d’autre ambition que d’être un divertissement savamment dosé avec ce qu’il faut de gunfights et de dialogues savoureux pour faire passer un agréable moment au spectateur. Sur ce plan mission accomplie : le film de Kim Jee Woon se présente comme le meilleure rempart contre la monotonie.

 

Retour en force pour Schwarzy qui retrouve un salutaire second souffle cinématographique. Le Roi est mort… vive le Roi !