Critique : Le Monde de Charlie


Un film de Stephen Chbosky avec Logan Lerman, Emma Watson, Ezra Miller. Sortie le 2 janvier 2013.

 

L’année 2013 se profile plutôt bien avec à l’horizon Le Monde de Charlie, un film à la fois léger et mélancolique qui traite, en se démarquant des traditionnels teen movies, du mal être adolescent.

 

Note : 3,5/5

 

Encore un coup de projecteur sur les affres de l’adolescence ? Oui, mais… Stephen Chbosky relève le schéma classique du teen movie en l’agrémentant d’une sensibilité personnelle. Le « jeune » n’est plus caricaturé, distancié par un point de vue adulte. Nous sommes à l’inverse plongés dans l’univers de Charlie, son regard constitue un prisme et non un aquarium en dehors duquel le spectateur observe d’un air intrigué les personnages – ces adolescents si éloignés de lui, si dépassés, vraiment ? – évoluer. Ce n’est pas tant un état de notre vie, un passage obligé, une évolution vers la maturité sur lesquels nous nous focalisons dans Le Monde de Charlie que l’état mental, la personnalité, le moi profond d’un personnage désorienté, qui dissimule malgré son jeune âge un passé encombrant. Charlie, en effet, est différent. Charlie cache, refoule quelque chose. Et Charlie, qui plus est, est nouveau. Il souhaiterait se fondre dans la masse et trouver ses marques, comme tout « seconde » qui se respecte, mais n’y parvient pas. Cependant, rien n’est insurmontable. Il remédie à sa marginalité en s’entourant de lycéens « semblables » : un cancre homosexuel, une gamine délurée, une punk fascinée par le Rocky Horror Picture Show.

 

© SND
© SND

 

Peu d’originalité au premier abord. Le réalisateur nous déroule même la panoplie parfaite du genre mais intègre, habite sa bande de personnages, les filme en caméra subjective, peaufine les dialogues et les relations inédites qui se nouent entre eux. Le duo formé par Ezra Miller et Emma Watson, demis frère et sœur à la scène, fonctionne de bout en bout. Le premier s’était déjà fait remarquer dans le percutant We Need to Talk About Kevin, dans un registre similaire puisque le film abordait la folie meurtrière d’un jeune désaxé. Souvent tourné en dérision dans Le Monde de Charlie, le comédien démontre qu’il n’a pas encore fait part de l’étendue de son talent. En partie grâce au casting, le metteur en scène attribue à son long métrage un ton qui lui est propre et évite ainsi toute démagogie surfaite. Le mérite en revient probablement à la confusion entre le cinéaste et l’écrivain. Coïncidence avec la passion pour la littérature de son jeune héros ? Au-delà d’éventuelles suppositions, Stephen Chbosky adapte son roman à l’écran et nous ouvre avant tout les portes de SON univers.

 

En réalisant de ses mains l’adaptation du livre à succès Le Monde de Charlie, Stephen Chbosky délivre un film à l’image de son roman, délicat, empreint de vulnérabilité, qui souligne que l’union fait la force. Bel exemple d’implication et d’intégration.