Critique : Les Infidèles

 
Un film de Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Fred Cavayé, Michel Hazanavicius, Elisabeth Bercot, Alexandre Courtès et Eric Lartigau. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Guillaume Canet. Sortie le 29 février 2012.

 

Jean Dujardin et ses potes mettent l’homme dans tous ses états, pour le meilleur et pour le rire.

 

 Note : 3,5/5

 

 En France, le film à sketches n’est pas le genre le plus populaire qui soit. Aussi quand Jean Dujardin et Gilles Lellouche s’attaquent à ce délicat exercice on croise les doigts pour ne pas se retrouver devant une resucée des Secrets Professionnels du Docteur Apflegluck. Heureusement, l’artiste fraichement oscarisé Dujardin s’est entouré d’un sacré nombre de talents pour mettre en scène les mésaventures de ces fourbes d’infidèles. Sept réalisateurs pour autant de points de vues différents sur cette sale bête qu’est le mâle. Au programme : des rires (beaucoup), des pleurs (un peu) et du sexe (à la pelle). Scandaleux Les Infidèles ? Pas plus que ses fameuses affiches retirées de la circulation.  A l’image de ces dernières, le film joue la carte de la provoc mais pour mieux dresser un portrait sans fard du mâle, bien loin de l’image glam véhiculée par certaines marques de parfum. Là où l’on aurait pu craindre une éloge du démon de midi ou sa totale execution sur l’autel du politiquement correct, Les infidèles préfère au final se fendre d’une interessante réflexion sur le couple par le prisme masculin. De la dérision certes mais pas que tant le film mélange les genres pour offrir un spectre assez complet de la chose.

 

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Et s’il y a bien une chose à retenir de ces « petits films entre amis » ce sont bien ces personnages. Pathétiques, touchants, insupportables… ils reflètent parfaitement les sensibilités de leurs metteurs en scène qui tous su apposer leur patte . Dans La Bonne Conscience Michel Hazanavicius confirme son gout pour les losers magnifiques avec en sus une pointe de cruauté étonnante. Fred Cavayé pour sa part montre qu’il peut se révéler tout aussi efficace en filmant un très bon prologue. Pour leur voyage à Las Vegas Dujardin et Lellouche se font largement plaisir et accouchent d’un sketch qui risque bien de rester dans les anales (attention blague !). Mais la grosse révélation se situe du coté d’Alexandre Courtes qui en un sketch (Les infidèles anonymes) hilarant et quelques pastilles joyeusement déglinguées synthétise parfaitement l’esprit de ce grinçant état des lieux. D’où une impression de déséquilibre devant les segments plus intimistes que sont Lolita et La Question. Réalisé par Eric Lartigau, le premier se révèle un poil long en dépit du charme indéniable de la troublante Clara Ponsot. Très bien écrit et interprété La Question d’Elisabeth Bercot fait toutefois un peu trop d’œil à Bergman et détonne dans cette ode à la gouaille adultérine ! Si on est loin de la noirceur romantique d’un Bertrand Blier ou de la méchanceté des Monstres de Dino Risi, Les infidèles reste un interessant exercice de style servi par des dialogues percutants que l’on doit notamment au génialement fourbe Nicolas Bedos.

 

 

Plus fin qu’il n’y paraît, Les infidèles met l’homme littéralement à nu pour mieux mettre en perspective certaines questions embarassantes. Inégal mais plaisant.