Critique : Les Misérables

 

Un film de Tom Hooper. Avec Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway. Sortie le 13 février 2013.

 

Wolverine, Maximus, Catwoman, Ali G et Marla Singer sont sur un bateau. La capitaine Hooper prend l’eau. Pourquoi est-ce si Misérables ?

 

Note : 1/5

 

Parce que c’est long, boursouflé pour une musique fadasse, et que la quête du sacré graal pour l’oscar du «bigger, faster, louder – regardez à quel point je suis un performer» plombe cette fresque théâtrale à 60 millions de dollars et aux 50 chansons. A défaut d’une bonne interprétation et d’une musique enivrante, il ne reste plus qu’à apprécier les décors et autres costumes d’époque. Sauf qu’au grée d’une mise en scène académique qui se contente de filmer les acteurs en gros plans, on ne savoure même pas cette reconstitution. Décidément rien ne va dans ce blockbuster musical. Tout est maniéré. Tom Hooper s’amuse avec sa caméra portée, à grands coups de plans séquences envolés et de grands angles qui déforment la réalité, pour mieux créer une abstraction scénique où s’élève un chant au lyrisme englué dans des contre-plongées iconiques. Dit comme ça, ça a de la gueule. Quitte à faire n’importe quoi, autant jouer la carte de l’adaptation contemporaine clipesque. C’est mal connaître le Hooper qui décide en chemin d’abandonner ses gimmicks outranciers au profit d’une monotonie classique. Les tableaux révolutionnaires s’enchaînent alors sans émotion, même si la lacrymale est de rigueur tant le spectacle feint le sublime.

 

© Universal Pictures
© Universal Pictures

 

2H30 de chants non stop. Qui dit comédie musicale dit partie jouée. Trop contraignant, pas assez conceptuel. Ici ça piaille à la volée – en live s’il vous plaît.  Tom Hooper ignore les codes du genre dans lequel il évolue pour s’autoriser des parenthèses burlesques. Ceci est une révolution ! Des bulles récréatives que l’on doit bien sûr aux Thénardier. Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen en font des caisses. Au départ c’est drôle.  Puis à force de running gag, tout devient aussi artificiel que la mise en scène.  Le couple cabotine de trop, au point qu’ils agacent : de  pastilles  ludiques, ils sont réduits à un frein narratif. Et c’est de cette logique auto-destructrice que Les Misérables le deviennent vraiment. Qu’importe l’adaptation, la reconstitution, la prestance de Hugh Jackman, tout se perd dans un ridicule aux faux airs de film épique. Place à un bon gros blockbuster qui tâche. Aussi vite vu, aussi vite oublié, tant il manque d’originalité. Reste cette fragilité à fleur de peau qui illumine par instant Anne Hathaway, vite obscurcit par la voix rocailleuse d’un Russel Crowe qui a confondu sa salle de bain avec les plateaux de cinéma. Et Cosette dans tout ça ? Sous les traits d’Amanda Seyfried, elle n’inspire qu’indifférence. Quand le leitmotiv n’en est pas un, le film raté n’est pas loin. Les Misérables ne s’adresse ni aux fans de comédie musicale ni aux amoureux de Victor Hugo.

 

Tom Hooper préfère la surenchère du Blockbuster à la fable humaniste contemporaine. Un gâchis pour Oscars, un raté pour le septième art.