Un film de John Michael McDonagh, avec Brendan Gleeson, Don Cheadle, Liam Cunningham.
De l’humour british, un flic chevronné, un autre dilettante, les ingrédients laissaient présager un mélange savoureux mais le cocktail final est loin d’être détonnant.
NOTE 2/5
Enorme succès en Irlande, le bien nommé Irlandais pose sa choppe de bière en nos vertes contrées avinées. Le titre français, bien que réduit au strict minimum est assez bien trouvé et plus évocateur que l’original, The Guard. Car ce « guard » est un flic pas comme les autres, mais un Irlandais bien de chez lui avec son slip vert et son teint pâle. Et c’est un portrait pas très sexy (mais réaliste ?) qui nous est dressé de l’Irlande et des Irlandais. L’action se situe sous la pluie et la grisaille du Connemara (les coins les plus moches alors), du côté de Galway et le moins que l’on puisse dire c’est que la vie du Sergent Boyle est tout aussi déprimante que le paysage. Ce type un peu con, cliché du plouc du coin est sur la piste d’une bande de dangereux trafiquants de drogue, qui n’hésiteront pas à tuer son partenaire dans une scène assez choquante car malvenue entre deux scènes qui se voulaient un peu drôles. De l’humour, il y en a, peu, et à condition d’apprécier l’humour british, ou irlandais si ça existe, mais l’intérêt du film ne se trouve en aucun cas dans l’intrigue assez banale et traitée avec mollesse.

C’est l’opposition entre le portrait du Sergent Boyle et de l’agent chevronné du FBI qui l’accompagne (Don Cheadle) qui vaut le détour. Un peu dans l’esprit du sudiste qui découvre l’univers des Ch’tis, l’Américain découvre frontalement le manque d’hospitalité des Irlandais de souche, fiers de leur patrie et de leur langue car ici on ne parle pas l’anglais mais le gaelic. Deux mondes s’opposent, deux visions de la police aussi. L’Irlandais, blanc-bec raciste et ignorant, préfère passer son après-midi à consommer deux prostituées pendant que l’afro-américain chevronné et sérieux part sur le terrain à la recherche des méchants. A vouloir développer ses personnages à tout prix, le réalisateur en oublie trop l’intrigue reléguée au second plan. La mise en scène est sans relief malgré quelques faux airs de western sur la fin, seul moment vraiment digne du septième art. Sinon, c’est un peu une série policière du dimanche soir sur France 3 qu’on a l’impression de regarder.
Comédie ? Polar ? On ne sait pas trop à quoi s’attendre tout au long du film tant l’humour est discret et l’intrigue policière bâclée. Et avec la concurrence qu’il y a à Noël, on ne donne pas cher de la peau de cet Irlandais.