Un film de Lynn Shelton avec Emily Blunt, Rosemarie DeWitt, Mark Duplass. Sortie le 3 juillet 2013.
Après Humpday, Lynn Shelton renoue avec l’ironie, l’improvisation et la marginalité. Soit la garantie d’une recette « bien huilée ».
Note : 3/5
A partir d’une idée simple ou d’une simple idée – Jack rencontre Hannah, la sœur d’Iris, sa meilleure amie – la réalisatrice Lynn Shelton crée un terreau fertile au triangle amoureux bientôt formé par des personnages auxquels elle apporte une attention toute particulière. Ce qui fonde en effet son cinéma semble reposer sur un parfait équilibre entre une situation insolite et des « characters » au caractère affirmé. De cette thématique que l’on pensait épuisée opère alors, sous le regard novateur de la cinéaste, un basculement subtil entre une atmosphère dérisoire, au travers de circonstances absurdes et de coïncidences rocambolesques, et un angle de vue dramatique. Ma meilleure amie, sa sœur et moi convoque, avec une sensibilité exacerbée et des protagonistes attachants, autant le sourire que l’émoi du spectateur. Ceux que le cinéma indépendant rebute seront toutefois confrontés à un schéma classique : ce film est un condensé de ce qui se fabrique aujourd’hui en matière de films à budget réduit.

Féroce, fougueux et très actuel, Ma meilleure amie, sa sœur et moi repose avant tout sur le dialogue… jusqu’à lasser et perdre son public dans une fonction phatique lancinante. En clair, le langage se muant en action, le blabla se transforme en tonalité sourde et constitue alors la centrale névralgique du film. La contrepartie de cette place de choix accordée à la parole – puisqu’il y en a bien une – repose sur la liberté d’interprétation. A l’instar de Humpday, Lynn Shelton a octroyé une importante marge de manœuvre aux acteurs. Malgré les réticences de la réalisatrice quant à la performance d’Emily Blunt, cette dernière s’est prêtée avec habileté à l’exercice de l’improvisation. La comédienne « bankable » du Diable s’habille en Prada ou encore de Looper s’est délestée des paillettes pour interpréter Iris, le « connecteur » au centre du trio, avec une spontanéité surprenante. L’alchimie entre les acteurs, isolés dans un environnement de carte postale – se conférer aux magnifiques paysages de forêts américaines et à l’image quelque peu stéréotypée de la cabane dans les bois – prend alors tout son sens. A quand le troisième volet de la saga « friends with benefits » ?
Ma meilleure amie, sa sœur et moi rappelle le projet fou des deux potes de Humpday en sortant de manière moins flagrante des sentiers battus. Il ne s’agit plus ici de tourner un film porno même si l’homosexualité est toujours abordée et la complexité des relations humaines a la part belle. Un film touchant et efficace.