Critique : Maman

 

Un film d’Alexandra Leclère. Avec Mathilde Seigner, Marina Fois, Josiane Balasko. Sortie le 9 mai 2012.

 

Après Les soeurs fâchées, Alexandra Leclère s’offre à nouveau un casting alléchant pour une comédie dramatique sur le manque d’amour maternel, un désastre cinématographique où le rire et le talent ne sont pas au rendez-vous!

 

Note : 1/5

 

 

Alexandra Leclère s’est inspirée de son vécu pour réaliser ce scénario pour le moins atypique : après 20 ans d’absence, la mère de Sandrine (Mathilde Seigner) et Alice (Marina Fois) resurgit soudainement dans leurs vies, réveillant leurs frustrations. A la fois excédées et désemparées face à l’attitude toujours aussi égoïste de cette femme odieuse, les deux soeurs décident de la kidnapper pour « l’obliger à les aimer ».  Qu’on ne s’y trompe pas, Maman n’est pas une comédie « à la française » sympathique sur fond pseudo-psychologique, qu’on irait voir entre amis. En décalage complet avec le dynamisme de la bande-annonce, la réalisatrice a opté pour une ambiance glaçante, où au grotesque du personnage de Josiane Balasko, poussé à l’extrême caricature, vient s’ajouter le pathétisme des deux soeurs névrosées, le tout accompagné de dialogues d’une pauvreté affligeante, qui frisent le vulgaire. Loin d’être amusé par l’histoire de cette mère, accablée de tous les défauts et qui aurait gâché sans en être consciente la vie de ses deux filles (l’une en est à son enième avortement quand l’autre est incapable de construire une relation saine avec les hommes), le spectateur s’ennuie très vite et peine à croire que l’entreprise folle de Sandrine et Alice puisse réussir. Leur monstre de mère parait tellement irrécupérable que l’idée d’une rédemption possible est semble-t-il à écarter. Mais par peur peut-être de gâcher la bonne ambiance, la réalisatrice en a voulu autrement et nous amène laborieusement au dénouement, plus que décevant et truffé d’incohérences scénaristiques.

 

Josiane Balasko dans Maman
© Tous droits réservés

 

Pourtant, un sujet aussi sensible et délicat que l’abandon d’une mère aurait mérité beaucoup plus de subtilité. Nul ne conteste le pouvoir destructeur d’une telle carence en amour, mais on regrette que ce problème universel soit présenté de manière surperficielle et trop souvent cliché. Il semblerait qu’Alexandra Leclère, concernée par ce manque maternelle au point d’en faire un film, n’ait pas osé traiter le sujet plus en profondeur, faisant le pari de transmettre son traumatisme à travers l’exercice périlleux de la comédie dramatique. Pari malheureusement manqué puisque le film, dénué d’équilibre, verse dans le pathos et n’a à offrir que quelques répliques féroces qui ne feront rire que les plus cyniques. Certaines scènes échappent cependant à la médiocrité émanant du film : l’image de Josiane Balasko trainant ses lourdes chaînes, poids de sa faute, à travers la maison, ainsi que son cri de colère contre les pères toujours épargnés. Des non-dits qui en disent long mais que la réalisatrice n’a pas su exploiter suffisamment. Enfin servies par un mauvais texte aucune des trois actrices, pourtant brillantes, n’est sublimée. Mais si le jeu de Mathilde Seigner est parfois trop visible et si la voix tremblotante de Marina Foïs peut agacer, Josiane Balasko est plutôt convaincante en mère cinglante et cinglée.

 

Trois stars du cinéma réunies dans un scénario bancal et peu subtil, une belle arnaque à la française!