Critique : Mes meilleures amies

 

Un film de Paul Feig. Avec Kirsten Wiig, Rose Byrne, Melissa McCarthy. Sortie le 10 aout 2011.
Les mecs n’ont pas le monopole de la comédie graveleuse pré-mariage. La preuve avec Mes meilleures amies qui prône la parité comique. Une nouvelle révolution en perspective ?

 

Note : 2,5/5

 

Contrairement aux apparences, Mes meilleures amies n’est pas la comédie girly nuptiale que son titre français stupide laisse présager. Enfin pas tout à fait… Ecrit sur mesure par et pour Kirsten Wiig, le film sonde la psyché féminine à l’aune d’un nouveau cap. L’amitié peut-elle survivre au mariage ? Peut-on refaire sa vie alors qu’on aborde la quarantaine ? Sexe et sandwichs sont-ils compatibles ? Autant de questions auxquelles le film répond par l’entremise d’un humour plus marron caca que rose bonbon. Et oui, vous ne le saviez peut être pas, mais la femme est un homme comme les autres ! En ces temps d’aseptisation cinématographique où l’image de la femme oscille principalement entre l’accro du shoping et la working girl en tailleur serré, une affirmation aussi politiquement incorrecte a quelque chose de rafraichissant ! Du moins sur le papier, car si Mes meilleures amies se fait fort de décliner au féminin tout un pan de la bromance – sous genre masculin par excellence – il ne cherche pas non plus à innover au-delà de la simple transposition de sexe. Produit par Judd Apatow, aka le nouveau pape de la comédie US, Mes meilleures amies se contente de recycler toutes les recettes inhérentes à ses dernières productions. Et le film de Paul Feig d’apparaitre comme un miroir féminin d’En Cloque, mode d’emploi ou encore Funny People tant dans son cheminement scénaristique que dans sa durée excédant les deux heures.

 

© Universal Pictures France

 

Le canevas et les codes restent désespérément les mêmes : deux grosses séquences de comédie, des dialogues graveleux,  de la musique pop et quelques savoureux personnages secondaires pour couronner le tout ! Dès lors on ne put s’empêcher de constater que Mes meilleures amies demeure symptomatique du cinéma d’Apatow dont les productions affichent de telles redondances qu’elles en deviennent presque interchangeables. Cela en fait-il un mauvais film pour autant ? Pas nécessairement tant il inspire une certaine admiration dans sa propension à élever la girl power comique au rang de philosophie. Second rôle géniale (notamment dans Paul, Bliss ou l’inédit Mc Gruber), Kirsten Wiig porte à bout de bras le métrage transformant chacune de ses rixes avec la belle Rose Byrne en moments de pure comédie. En comparaison sa romance avec Chris O’Dowd, sorte de Seth Rogen du pauvre, parait bien fade et beaucoup trop prévisible. Qu’importe, Kirsten et sa rythmique à deux vitesses nous ont déjà conquis. Mais la véritable révélation du film n’est autre que Melissa McCarthy, hilarante en belle sœur graveleuse. Cash et totalement perchée, ce pendant féminin de Ricky Gervais bouffe l’écran au point de piquer la vedette à ses copines. Drôle et touchante, elle parvient à insuffler un supplément d’âme à cette mécanique trop bien huilée. Dès lors, on se dit que Mes meilleures amies aurait pu être un très grand moment de comédie s’il s’était permis un peu plus d’audace. Las, il faudra uniquement compter ici sur le fort capital sympathie inspiré par ces drôles de dames.

 

 

Louable sur le fond, moins sur la forme, Mes meilleures amies aurait pu être la comédie de l’été, voire de l’année. Il ne reste au final qu’une belle tentative de sortir hors des sentiers battus. C’est déjà ça !