Critique : Mortal Engines

 
Un film de Christian Rivers. Avec Hera Hilmar, Robert Sheehan, Hugo Weaving. Sortie le 12 décembre 2018.
 

Peter Jackson joue les père noël forain et nous offre un film- attraction pas toujours abouti mais pétri de bonnes intentions.

 

Note : 3/5

 

Alors que l’on attend toujours un nouveau film de Peter Jackson sans hobbit ni anneau magique, le génie néo-zélandais se rappelle à notre bon souvenir avec Mortal Engines qu’il a produit mais également co-écrit avec sa compagne Fran Walsh et Philippa Boyens qui l’accompagnent respectivement depuis Les Feebles et Le Seigneur des Anneaux. Après l’héroic fantasy, le trio gagnant  s’attaque donc au genre post-apocalyptique forcément teintée de steampunk avec cette adaptation de Mécaniques Fatales, premier tome d’une saga littéraire narrant les aventures de deux jeunes gens, Tom et Hester, dans un futur post-apocalyptique où les villes, devenues mobiles, se pourchassent pour mieux s’approprier leurs ressources. Pour son premier film en tant que réalisateur, Christian Rivers, as des effets spéciaux et collaborateur historique de Peter Jackson depuis Braindead, hérite donc d’un univers visuellement très riche, passionnant de par les thèmes qu’il charrie et les possibilités qu’il ouvre. Sur le plan visuel, Mortal Engines est un émerveillement de tous les instants, une vraie friandise gorgée d’emprunts forcément assumés à Mad Max, Miyazaki ou encore  Indiana Jones pour son côté aventuro-pulp. Pendant quasiment deux heures, le film nous en met plein les yeux, multiplie les morceaux de bravoure avec comme seul objectif d’épater l’ado qui sommeille en nous ! Mais ne pas s’y tromper : si Mortal Engines décrit un monde violent où les rapports de force se dictent à grands renforts de pneus qui crissent, la comparaison avec un certain justicier de la route s’arrête là, Rivers n’ayant pas la maestria de Miller et s’adressant à un public résolument plus jeune.
 

Universal Pictures
 

Et c’est que le bât blesse : sous couvert d’être un divertissement résolument tourné vers les ados, le film fait preuve d’une certaine paresse dans son écriture et mise tout sur son visuel au détriment d’une narration il est vrai assez paresseuse.  Dans ses moments les plus faiblards, Mortal Engines sans pour autant renvoyer au pire du young adult, n’essaie jamais de s’en affranchir nous resservant le sempiternel canevas dramatique à base de jeunes héros décidés à renverser le pouvoir en place pour mieux gagner sa liberté. Là où des Hunger Games et autres Divergente s’embarrassaient de love story gênantes (dans tous les sens du terme), Mortal Engines lui préfère se la jouer profil bas sur ce versant même s’il finira par y sauter à pieds joints. Dommage qu’entre ses spectaculaires premières et dernières parties, Mortal Engines ne propose rien de bien neuf,en particulier dans sa deuxième partie faisant maladroitement du pied à Matrix ou au marché chinois. Pris en étau entre la volonté de dérouler un univers riche via une nouvelle franchise et l’incertitude quant à la possibilité de le faire, Mortal Engines finit par donner tout ce qu’il a et fait feu de tout bois. C’est à la fois sa force tant la générosité dont il fait preuve s’avère galvanisante mais également sa plus grande faiblesse puisqu’il le fait totalement au détriment de personnages (le poignant Shrike incarné par un Stephen Lang méconnaissable et pour cause) et de sous- intrigues pourtant passionnantes. Il en résulte une oeuvre bicephale croulant sous les défauts mais aussi totalement sincère et honnête dans sa volonté d’offrir un divertissement digne de ce nom aux ados à un moment où ces derniers n’ont que peu d’alternatives cinématographiques. Si on lui reprochera un certain formatage sur le fond et un tâtonnement certain, on ne peut que saluer son statut d’OFNI assumant parfaitement sa stature de blockbuster malade. Et c’est peut-être ça au fond qui le rend si attachant.

 

Aussi beau visuellement que maladroit scénaristiquement, Mortal Engines reste une bonne petite friandise de Noël.