Un film de Simon Curtis. Avec Michelle Williams, Kenneth Branagh, Emma Watson. Sortie le 4 avril 2012.
Il était une fois un garçon anonyme qui rencontra une des plus belles femmes du mon. Une petite histoire digne d’un film hollywoodien , mais qui fut bel et bien réelle…
Note : 3/5
Nous sommes en été de l’an de grâce 1956, et l’Angleterre est en émoi : la blonde la plus célèbre d’Hollywood débarque en Albion pour tourner avec une des plus grandes stars du Royaume. A force de faire le pied de grue dans les bureaux de la production, Colin Clark, gringalet dégingandé souhaitant se lancer dans le monde du cinéma, décroche un petit poste sur le tournage en préparation. On le comprend, notez : pour un film avec Marilyn Monroe et Laurence Olivier en tête d’affiche, on aurait fait pareil. Si vous avez vu Le Prince et La Danseuse, vous connaissez sans doute la suite de cette histoire, telle qu’elle a été jouée face caméra. Mais dans les coulisses c’est une toute autre histoire va se dérouler, celle entre un jeune assistant et une blonde célèbre… A travers l’expérience de Colin Clark, retranscrite dans son livre paru en 1995 (The Prince, the showgirl and me), d’après lequel le film est inspiré, Simon Curtis se lance dans le biopic pour son premier long-métrage au cinéma, après nombreux téléfilms et séries pour la télévision britannique. Même s’il est loin d’être le film de l’année, My week with Marilyn jouit de plusieurs points positifs qui en font un moment agréable. On en ressort avec la tête pleine de belles images grâce à une photographie qui fait la part belle aux couleurs vives des paysages ruraux et urbains de l’Angleterre des fifties, des feuilles dorées des arbres de la campagne aux froufrous colorés des costumes d’époque traînant sur les étagères de l’accessoiriste plateau. Les seconds rôles sont par ailleurs habilement distribués ; Kenneth Branagh incarne à merveille Sir Olivier et ses grimaces d’exaspération face aux retards de tournage, et la présence de Judi Dench – et même celle, discrète, d’Emma Watson, sont incontestablement à saluer.Mais comme Marilyn en son temps, et de façon peu surprenante, c’est Michelle Williams qui vole la vedette dans ce long-métrage. Choix de casting judicieux pour incarner cette icône du cinéma hollywoodien plutôt que la dernière bimbo blonde à la mode, Michelle Williams dresse un portrait que l’on imagine assez plausible et fidèle de ce qu’aurait pu ressembler Marilyn Monroe durant cette période de sa vie.

En appréhendant le personnage avec délicatesse et avec autant de justesse possible lorsqu’ on porte un tel rôle sur les épaules, Williams réussit le pari risqué d’incarner une star de légende sans tomber dans la caricature pou-pou-pidou, évitant les clichés faciles de la femme-enfant aux yeux écarquillés et sans tomber dans le piège de la duck face crispante. Au lieu de cela, elle offre au spectateur une Marilyn « humaine » : derrière le fard et les paillettes, on voit une femme fragile, d’une naïveté presque enfantine, intimidée et mal-assurée face à tous ces gens ébahis devant elle, perdue autour de cette foule qui scande son nom, presque incrédule face au chahut que cause le moindre de ses déplacements. Simon Curtis et Colin Clark lèvent le voile sur une femme qui, derrière ses retards incessants, ses hésitations face à la caméra et ses oublis de texte multipliant les prises (au grand dam de Sir Olivier), au fond ne voulait qu’une chose : être aimée. Plus qu’un portrait de Marilyn, le film s’attarde sur Norma Jean Baker, née d’une mère instable et d’un père inconnu, crapahutée de familles d’accueil en mariages ratés, poule aux œufs d’or des producteurs hollywoodiens rendue docile à coups de barbituriques. Et quand plus personne, ni son nouvel époux Arthur Miller, ni ses assistantes, ou l’alcool et les drogues, n’arrivent à la faire tenir debout, c’est donc dans les bras d’un certain Colin qu’elle va trouver refuge, le temps d’un tournage. Cependant, à part la prestation touchante de Michelle Williams et l’attention portée à tout ce que fut cette idole de légende, le film de Simon Curtis offre peu de choses au spectateur à se mettre sous la dent. Le reste du film, parsemé d’anecdotes de tournage avec l’accent anglais, se déroule certes sans accroc majeur, mais sans aucun événement notoire non plus : comme la vraie, la fausse Marilyn éclipse sans difficulté aucune le reste de l’équipe. Même Kenneth Branagh et Dame Judi Dench, pourtant de très bonne volonté, font pâle figure à côté de Marilyn/Michelle même les jours où elle comate, groggy, dans ses draps de soie.