Critique : Ninja Turtles

 

Un film de Jonathan Liebesman. Avec Megan Fox, William Fichtner, Will Arnett. Sortie le 15 octobre 2014.

 

Les tortues ninja reviennent dans une version 2.0 bête et assourdissante, sorte de triste constat sur les standards actuels en matière de blockbusters pour gamins.

 

Note : 1/5

 

La dernière fois qu’on a vu les tortues ninja squatter nos salles obscures c’était en 2007 dans le plus qu’honorable film d’animation TMNT réalisé par Kevin Munroe. Depuis, le cinéaste s’est cassé les dents sur son premier essai live, Dylan Dog, tandis que nos quatre tortues d’enfer abandonnèrent leurs velléités cinématographiques dans l’indifférence la plus totale. C’était sans compter Michael Bay bien décidé à libérer Leonardo, Raphael, Michelangelo et Donatello de leur carcan télévisuel. Longtemps annoncée, la nouvelle version live des Tortues Ninja (appelée ici Ninja Turtles pour rester dans le respect de la langue française), débarque enfin avec pertes et fracas… enfin plus pertes que fracas tant ce reboot 2.0 pourrait se résumer en une phrase : « beaucoup de bruit pour rien » ! L’histoire, simplifiée au possible, oppose nos quatre tortues d’enfer au tristement célèbre Shredder qui ourdit un plan diabolique pour conquérir le monde. Autant dire que le scénario n’est pas vraiment la priorité de ce reboot aux forts relents de blockbuster débilisant. Pas plus que les personnages d’ailleurs, ici confinés à leurs plus simples artifices. A commencer par nos chères tortues dont le look de têtards dégénérés dopés aux anabolisants ne manquera pas de faire grincer des dents au même titre que cette frénésie insupportable qui les obligent à sauter toutes les cinq secondes comme des yamakasis bourrés et dopé à la cocaïne frelatée !

 

© Paramount Pictures
© Paramount Pictures

 

Niveau empathie c’est tout aussi pathétique via une caractérisation au ras des pâquerettes : Leonardo joue les premiers de la classe, Raphael râle, Michelangelo multiplie les blagues au ras des pâquerettes avec une énergie qui ferait presque passer Chris Tucker pour un maitre zen, et enfin Donatello et ses grosses lunettes bien épaisse joue les geeks condamnés à mourir puceau (en même temps quand on est une tortue ça n’aide pas !). Quant à Splinter, son allure de rat cancéreux en phase terminale témoigne plus que jamais d’une forme de mépris total pour la mythologie d’origine.On ne développera pas davantage sur Shredder, sorte de couteau suisse géant sur pattes qu’on croirait sortie d’une émission de télé shopping vantant les mérites des couteaux qui coupent tout ! En bon représentant de la méthode Michael Bay, Jonathan Liebesman ne semble être motivé que par une seule chose : multiplier explosions et ralentis balourds tout en se focalisant sur le fessier d’une Megan Fox au jeu… embarrassant ! Pour peu on aurait presque l’impression que l’esprit du papa de Transformers s’est transféré dans le corps du réalisateur du déjà pas terrible World Invasion : Battle Los Angeles. Il en résulte un produit totalement impersonnel et hystérique qu’on jurerait pondu par des anciens patrons de fast food bercés trop près du four à pizza. Les kids et ados boutonneux biberonnés aux images épileptiques made in MTV à base de montage ultra cut et de gros son éradiquant les neurones au bout de quinze minutes seront ravis, les autres devraient enquiller les prises de Doliprane. Tout juste prendra –t-on un plaisir somme toute relatif devant la poignée de combats et la coolitude de Michelangelo. Une bien maigre consolation devant ce gloubiboulga numérique et indigeste pillant en règle tout ce qui faisait le charme et l’attrait des Tortues Ninja.

 

Opportuniste et balourd, ce reboot crétin nous ferait presque regretter le temps où nos amies tortues se trémoussaient au son de Vanilla Ice. C’est dire l’état de désespoir dans lequel il nous plonge !