Critique : Nos pires voisins

 

Un film de Nicholas Stoller. Avec Zac Efron, Seth Rogen, Rose Byrne. Sortie le 6 aout 2014.

 

Seth Rogen et Zac Efron se déclarent la guerre pour le meilleur mais aussi pas mal pour le pire !

 

Note : 2/5

 

Qui n’a jamais été pris d’une irrépressible envie d’étrangler son voisin alors que ce dernier s’amuse à faire la teuf non stop jusqu’ à 5 heures du matin ? Pour Mac (Seth Rogen) et Kelly (Rose Byrne) ce type de mésaventures fait malheureusement partie de leur quotidien alors qu’une fraternité étudiante s’est installée juste à coté de chez eux. Cool ? Oui pour peu qu’on soit porté sur la ganja et l’alcool coulant à flots. Ce qui n’est pas vraiment le cas de notre gentil petit couple totalement accaparé par leur nouveau né mais crevant d’envie de lâcher du lest et s’encanailler. Sauf que ce qui commençait par une aimable cohabitation va rapidement virer à la guérilla où TOUS les coups sont permis. En alliant campus movie et comédie trentenaire façon Judd Apatow, Nos pires voisins vise clairement à fédérer deux publics type comme autant de générations appelées à s’unir dans la gouaille. De bien belles intentions fort bien relayé par moult bandes annonces dévoilant des gags poilants. Sauf que ce qui s’annonçait comme un duel au sommet entre le rondouillard Seth Rogen et l’athlétique Zac Efron peine à tenir ses promesses et ce en dépit de quelques blagues faisant mouches. Et si le film surprend par un sous texte gay étonnamment mis en avant pour une comédie « familiale » c’est pour mieux tendre vers un discours beaucoup plus puritain sur la vacuité des fêtes estudiantines et la nécessité de se construire un avenir. Pas forcément préjudiciable en soi d’autant que le thème du passage à la vie adulte (véritable marronnier de la comédie US) peut se révéler aussi passionnant qu’hilarant quand il est traité à travers le regard malicieux de Judd Apatow. Malheureusement, faute de personnages attachants et d’une écriture suffisamment inspirée pour un tel sujet, Nos pires voisins finit par provoquer une certaine lassitude.

 

© Universal Pictures
© Universal Pictures

 

D’autant plus triste que le réalisateur Nicholas Stoller avait précédemment fait mouche avec les réjouissants American Trip et Les Muppets, le retour. Et si l’on parvient à déceler sa patte ici et là au détour de quelques scènes rigolotes, il se retrouve totalement happé par un scénario prétexte érigeant le conformisme au rang de modèle. Trop empêtré dans une forme de mécanisation qui le dessert totalement, le film se résume au final à un enchainement de mêmes gags déclinés à toutes les sauces et cristallisé dans un montage montrant nos étudiants en faire voir de toutes les couleurs à leurs nouveaux voisins. Jeunes cons vs vieux cons voilà la seule ambition de cette comédie qui se retrouve rapidement à court d’idées esquissant ici et là quelques enjeux intéressants sans jamais les exploiter. Dommage, car le film contient quelques fulgurances bien sympathiques et les joutes (malheureusement trop rares) entre Efron et Rogen ne manquent pas de piquant accentuant ainsi notre frustration de ne pas voir cette guerre des voisins prendre davantage de risques. Au final , Nos pires voisins devrait pleinement satisfaire les jeunes parents largement brossés dans le sens du poil (« Notre famille c’est ça la vraie fiesta »  s’exclame fièrement l’un des personnages) tandis que les ados risquent de lâcher de bons gros « LOL » aussi cinglants qu’ironiques à moins que le quota de gags graveleux et autres plans sur le torse de Zac Efron ne suffisent à faire illusion.

 

Moins apocalyptique que prévue mais nantie d’un réel potentiel, cette guerre domestique déçoit par sa roublardise trop assumée.

 

 



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