Un film de Frédéric Jardin. Avec Tomer Sisley, Serge Riaboukine, Julien Boisselier. Sortie le 16 novembre 2011.
Tomer Sisley court dans tous les sens pour retrouver son fiston enlevé par un méchant gangster. A bout de souffle ou à court d’idées ?
Note : 2/5
C’est ça le polar que les américains nous envient au point de vouloir le remaker ? C’est la question qu’on pourrait se poser à la vue de Nuit Blanche qui tente tant bien que mal de creuser un peu plus le sillon du polar français. Pour sa première incursion dans un genre extrêmement balisé, Fréderic Jardin (à qui l’on devait la bataille rangée Charles Berling/Edouard Baer dans Cravate Club) voudrait marcher sur les pas d’Olivier Marchal et Fred Cavayé sans toutefois retenir les leçons inculquées par ces derniers. Le pitch ? Un flic semi ripou doit sauver son fils des griffes d’un parrain local après lui avoir volé une grosse quantité de drogue. Avec sa quasi unité de lieu, de temps et d’action, le film de Fréderic Jardin fleurait bon le polar marathon parti pour nous embarquer dans une course effrénée contre la montre. Et si les intentions sont bien là, il faut bien reconnaître que Jardin a bien du mal à mener correctement sa barque, tombant systématiquement dans tous les pièges à éviter dans ce genre de situations. Ainsi, passée une introduction menée tambour battant et faisant maladroitement de l’œil à Braquo, Nuit Blanche perd peu à peu pied et semble faire du surplace en dépit de son postulat digne d’un épisode de 24 heures chrono. Sauf que filmer l’urgence et concentrer l’action de manière à ne jamais perdre le spectateur c’est tout un art que le réalisateur ne maitrise visiblement pas.

D’où un coté brouillon aussi bien sur le fond que la forme se traduisant par des allers retours incessants de Tomer Sisley qui explore de fond en comble (et parfois à plusieurs reprises) les moindres recoins de la boite de nuit où se cache son môme. Un peu comme si ni lui ni le réalisateur ne savaient vraiment où aller, laissant l’instinct guider leurs pas. On en vient dès lors à fantasmer sur ce qu’aurait pu nous pondre Fred Cavayé si il avait eu entre les mains un tel matériau. Las, il faudra se contenter d’une gestion de l’espace catastrophique alliée à un scénario tournant vite en rond. Visiblement heureux de jouer la carte du contre emploi, le cast s’en donne à cœur joie : Tomer Sisley se croit encore dans Largo Winch, Julien Boisselier en fait des caisses et Laurent Stocker serre la mâchoire pour faire croire qu’il est vraiment trop pourri comme mec ! Seuls Serge Riaboukine et Joey Starr tirent leurs épingles du jeu, le premier en étant constamment dans l’excès tandis que le second débite à la mitraillette des répliques cinglantes et fort bien écrites. Leurs confrontations insufflent un second degré bienvenu. On se régalera aussi devant les quelques combats ponctuant l’ensemble. Sacrément hargneux et parfois too much, les mano a mano ont beau renvoyer davantage aux Superstars du Catch, ils ont au moins le mérite de dynamiser un ensemble trop statique (un comble !) usant dela shaky cam comme cache misère.Deux consolations bien maigres au regard d’un résultat qui se contente de son pitch sans jamais l’exploiter correctement. C’est bien beau de courir partout, encore faut il avoir une destination !
Plutôt vain, Nuit Blanche provoque une certaine lassitude en dépit d’évidentes bonnes intentions. Dommage.