Critique : OPERACIÓN E

 
Un film de Miguel Courtois Paternina avec Luis Tosar, Martina Garcia et Gilberto Ramirez. Sortie le 28 novembre 2012.

 

 

Un paysan qui joue les héros et défie les FARC, ce fait divers rocambolesque avait tout pour devenir un film. C’est chose faite…
 
 

 NOTE 3/5

 

OPERACIÓN E c’est avant tout l’histoire vraie d’un paysan colombien qui n’a rien demandé à personne, qui se trouvait au mauvais moment au mauvais endroit et à qui les FARC ont confié un bébé et lui ont demandé de s’en occuper car il était très important pour la Révolution Armée. Risquant sa vie, celle du bébé et celle de sa famille nombreuse, Crisanto n’a pas d’autre choix que d’obéir. Mais son instinct et son courage vont le pousser à prendre d’énormes risques pour le bien de tous. Ce petit résumé vous rappellera peut-être l’histoire de Clara Rojas, femme politique colombienne, retenue captive pendant près de 6 ans par les FARC et qui avait accouché pendant sa détention. Le bébé Emmanuel dont il est question dans le film, c’est son enfant, celui que les FARC ont confié à un paysan avant de se servir de lui pour faire pression sur le gouvernement.  Miguel Courtois Partina, le réalisateur, franco-espagnol, aurait très bien pu aborder ce « fait divers » sous l’angle du documentaire. Il est vrai que la lumière, les images granuleuses et les très gros plans, donnent à l’ensemble un côté très réaliste en nous faisant vivre au plus près le quotidien difficile de ces populations miséreuses.

 

Luis Tosar dans Operacion E de Miguel Courtois
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Plus qu’un film politique ou militant, c’est une œuvre quasi ethnologique qui nous est donnée à voir. On observe comment des gens modestes et innocents sont devenus des victimes collatérales du conflit entre les FARC et le gouvernement. Peu chanceux quand il s’aventure sur les terres françaises (on lui doit quand même les très mauvais Une Journée de merde, Skate or Die ou l’inénarrable Bouge avec Ophélie Winter qu’il s’est contenté de produire) Courtois ne semble jamais aussi à l’aise que lorsqu’il explore les pages sombres de l’Histoire de son pays. Ce fut le cas avec El Lobo et G.A.L. qui offrirent respectivement à Eduardo Noriega et José Garcia des rôles à contre emploi. Pour OPERACIÓN E, le cinéaste se téléporte un peu plus loin que son Espagne natale est offre un portrait peu ragoûtant de la Colombie à travers l’histoire du paysan Crisanto. Chacun essaie de s’en sortir comme il peut dans un climat de violence et d’insécurité permanente. Malgré quelques lenteurs, la mise en scène crée un certain suspense puisqu’on se demande tous comment le pauvre paysan va s’en sortir pour échapper aux FARC qui n’hésiteront pas à la tuer. Saluons d’ailleurs la performance de Luis Tosar, l’interprète de Crisanto, qui est pour beaucoup dans la réussite du film. Détonnant grandement avec son personnage de concierge flippant dans Malveillance, il confère au film un supplément d’humanité bienvenue. Grâce à lui, on s’attache au personnage et le final n’en est que plus injuste surtout quand on sait qu’il s’agit de faits réels.

 

Rares sont les films qui s’emparent de l’histoire contemporaine. OPERACIÓN E est le témoignage d’une douloureuse réalité. Plus que la forme, c’est le fond qui donne au film tout son intérêt.