Critique : Populaire

 

Un film de Régis Roinsard. Avec Déborah François, Romain Duris, Nicolas Bedos. Sortie le 28 novembre 2012.

 

Régis Roinsard frappe fort : pour son premier film, ce réalisateur quasi-inconnu nous plonge au cœur des sixties à travers le regard d’une jeune fille pleine de talent.

 

Note : 3,5/5

 

Nous sommes dans un village de la campagne normande, quelque part au milieu du siècle précédent. La cigarette n’est encore interdite nulle part, les hommes portent des costumes assortis à leur chapeau, et les jeunes filles des robes colorées qui ne remontent pas au-dessus du genou. Dans le petit bazar de son père installé sur la place du village, Rose Pamphyle (Déborah François) se sent bien à l’étroit. Alors que toutes ses copines cherchent à trouver un mari, elle a de grands rêves pour son avenir : elle veut être secrétaire. Trônant fièrement au milieu de la vitrine du magasin paternel, la machine à écrire qu’elle fixe avec avidité symbolise ses espoirs les plus fous. Elle sera aussi son passe pour la gloire. Armée de sa moue la plus déterminée, elle réussit à décrocher un poste sous les ordres de Louis Echard (Romain Duris). Bientôt sous la tutelle de celui qui deviendra son mentor, Rose Pamphyle va apprendre qu’avec la force de ses dix doigts, elle peut devenir non pas une secrétaire parmi d’autres, mais la secrétaire la plus populaire du pays.

 

Déborah François dans Populaire
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Décidément, il semble qu’une vague rétro souffle sur le cinéma français de ces dernières années ! Après les frasques rocambolesques d’un OSS 117 et autres Pauline Détective en robe à pois, c’est au tour de Régis Roinsard de nous plonger dans un film ambiance Mad Men. Pour son premier opus, ce réalisateur français nous conte l’ascension colorée d’une jeune fille pleine d’ambition, dans une époque où se faire dicter la correspondance d’un grand patron représentait le sommet de la carrière professionnelle d’une femme. Des coiffures laquées au français prononcé avec une diction irréprochable, rien n’est oublié dans cette reconstitution pop, à commencer par le générique délicieusement sixties qui plonge le spectateur directement dans l’ambiance. Dans la ribambelle de stars peuplant le casting, les rôles secondaires ne sont pas en reste : Bérénice Béjo joue très bien du piano (même si elle devrait changer de couleur de cheveux) et Miou-Miou, Eddy Mitchell ainsi que Frédéric Pierrot font des apparitions remarquées. Mais si Populaire jouit d’une belle photographie et d’un casting pétillant (mention spéciale à Nicolas Bedos en rival aussi beau que bête), son scénario aurait eu du mérite à être un tantinet plus ficelé. Tandis que Rose Pamphyle gravit les échelons vers la gloire, la narration se disloque par endroits, ralentissant sans raison alors qu’elle devrait s’accélérer, alourdie par quelques scènes superflues. Au final, il s’avère que le parti-pris historique et esthétique priment sur une histoire qui, filmée dans les années deux mille, se serait avérée très banale.

Agréable et futé, Populaire est rose comme un bonbon ; et même s’il colle un peu au palais, il reste néanmoins un très joli moment de cinéma.