Un film de Scott Stewart. Avec Paul Bettany, Karl Urban, Cam Gigandet. Sortie le 11 mai 2011.
Paul Bettany part en croisade contre les vampires. Repentez vous pêcheurs aux dents longues !
Note : 2,5/5
Vaguement inspiré du manwa (nom donné aux bandes dessinées coréennes) éponyme de Hyung Min-woo, Priest marque la seconde collaboration entre l’acteur Paul Bettany et le réalisateur Scott Stewart, un an après le rigolo Légion. Comme dans ce dernier, le mari de Jennifer Connelly incarne un super sauveur du monde à qui Dieu a donné la foi et la puissance de feu nécessaire pour botter le cul des méchants ! Sous couvert de charge anticléricale, le film en profite pour assener son petit message sur la pureté de la parole divine pervertie par ses plus dignes représentants. Tenant plus du gentil tapage de doigts, Priest laisse de côté toute subversion pour mieux se recentrer sur le symbolisme primaire (des croix comme s’il en pleuvait !) sans jamais se remettre en question contrairement à l’œuvre matricielle plus nuancée. Et alors que Legion pouvait être perçu comme une version très prêchi prêcha de Terminator avec son super soldat protégeant une jeune femme dont le futur enfant serait amené à sauver l’humanité, Priest, lorgnerait plus du coté d’une certaine Prisonnière du désert. Il faut dire qu’avec cette histoire d’ancien soldat parti délivrer sa nièce des griffes de méchants vampires, le tout dans une ambiance très westernienne (rétro futur oblige !) convoquant chapeaux longs et Winchesters customisées, le parallèle est vite trouvé. Sauf que Stewart est très très loin d’arriver à la cheville de John Ford tandis que Bettany, malgré toute la sympathie qu’il nous inspire, n’a pas un ion du magnétisme de John Wayne. De là à dire que le film se rapprocherait plus d’un post nuke rital (en plus friqué) que des grands élans fordiens, il n’y a qu’un pas à franchir sans sourciller !

En dehors de ces considérations cinéphiliques, le film de Stewart se laisse voir sans trop de déplaisir en dépit de quelques tics parfois agaçants. A commencer par un cast désespérément mono expressif : si Bettany serre super bien les dents, son sidekick Cam Gigandet (Twilight), d’une indigence rare, offre un jeu aussi intense qu’un barman en pleine période de sevrage ! Dommage aussi que la belle Maggie Q se voit étrangement sous exploitée mettant ainsi en exergue son statut de simple faire valoir féminin ! Face à eux, Karl Urban (Star Trek) s’en sort plutôt bien en Némésis vampirique. Oui tout ça sent fortement le cacheton mais de manière non péjorative comme si l’on éprouvait un vrai plaisir coupable à retrouver cette galerie de gueules pas vraiment cassées mais fortement destinées à grossir les rangs de petits actioner bas du plafond ! Espérons seulement qu’à trop creuser ce sillon, Paul Bettany n’y trouve pas une planque certes confortable mais pas vraiment à la hauteur de son talent.

Mais ce qui interpelle ici c’est la propension du film à ne jamais se montrer à la hauteur de ses ambitions dramaturgiques préférant par là même se planquer derrière des effets assez cheap. Un syndrome déjà bien présent dans Légion qui voyait trois anges se tirer la bourre en lieu et place du dantesque affrontement promis. A trop capitaliser sur son ambiance et autres pirouettes matrixiennes filmées en 3D inutile, le film fait parfois du surplace et donne l’impression d’assister à un long pilote de série TV ouvrant sur une possible franchise. En dépit de son fort capital nanardeux, force est de reconnaitre que Priest s’en sort relativement mieux que nombre de ses congénères. Au rang des bons points, on dénotera une belle direction artistique et quelques belles idées (les confessionnaux en forme de cabines), prétexte à dépeindre un futur anxiogène à souhait et dominé par l’hégémonie de l’Eglise . Bien que bouffant à tous les rateliers (Blade 2, Brazil, j’en passe et des meilleurs !), le film de Scott Stewart témoigne toutefois d’une volonté sincère de torcher une série B réjouissante. Dommage que l’ensemble s’embourbe parfois dans un discours religieux pesant.
Ni bon, ni mauvais (ça nous avance bien !), Priest a l’avantage de ne pas être le nanar que sa bande annonce laissait présager. C’est déjà ça !