Critique : R.I.P.D. – Brigade Fantôme

 

Un film de Robert Schwentke. Avec Jeff Bridges, Ryan Reynolds, Kevin Bacon. Sortie le 31 juillet 2013.

 

Jeff Bridges et Ryan Reynolds réveillent les morts dans un buddy movie mortuaire raté.

 

Note : 1,5/5

 

Adapté du comics éponyme crée par Peter M. Lenkov et Lucas Marangon en 2000, R.I.P.D. suit les tribulations de Nick , flic fougueux qui, après avoir été abattu par son coéquipier, intègre la Brigade Fantôme (ou Rest in Peace Department). Flanqué du briscard Roy, Nick est désormais chargé de traquer les morts vivants planqués sur Terre. Si le pitch vous rappelle quelque chose c’est normal : R.I.P.D. a déjà envahi les salles obscures il y a quinze ans sous le titre Men In Black. Remplacez par Will Smith par Ryan Reynolds, Tommy Lee Jones par Jeff Bridges et les aliens par des fantômes et vous obtiendrez peu ou prou une copie carbone du film de Barry Sonenfeld. Ce n’est toutefois pas l’aspect le plus gênant du film. Au contraire, nanti d’un tel concept à la lisière entre M.I.B. et Ghostbusters, le film de Robert Schwentke aurait pu faire office de gentil divertissement estival mêlant allégrement comédie, polar et surnaturel. Sauf que voilà : en dépit d’un budget faramineux de 130 millions de dollars, R.I.P.D. paraît incroyablement cheap. La faute en incombe d’abord à un scénario trop timoré n’exploitant jamais vraiment l’énorme potentiel de son postulat de départ. Gadgets, personnages truculents et/ou agaçants, morceaux de bravoures en pagailles, gags pas drôles… tous les ingrédients sont là mais quelque chose dans la mécanique du récit ne fonctionne pas. Comme si tout cela au final ne servait que d’esbroufe pour dissimuler un vide monumental. Une sensation de coup d’épée dans l’eau sans doute. Le duo de scénaristes Phil Hay/Matt Manfredi ayant déjà bossé sur Le Choc des Titans et Aeon Flux, on ne sera pas étonné de se retrouver devant un film à l’intrigue post-it où le concept même prime sur sa mise en application. Un écueil qui n’aurait pu être que secondaire si le métrage tout entier ne faisait pas autant office de cache misère. En effet, là où M.I.B. misait essentiellement sur son incroyable bestiaire, R.I.P.D. lui préfère jouer la carte de la sécurité en optant pour des créatures 100% numériques et uniformes. Un choix d’autant plus discutable, qu’à trop miser là dessus, le film trahit un manque flagrant d’inventivité et d’audace.

 

© Universal Pictures
© Universal Pictures

 

Une impression renforcée par la mise en scène hideuse de Robert Schwentke. Revenu quelque peu en état de grâce avec le sympathique mais perfectible Red, le papa du nanardesque Flight Plan réussit le tour de force d’enlaidir davantage un ensemble déjà peu aidé par sa profusion de CGI mal finalisés. Plus parkinsonien qu’esthète, le cinéaste use et abuse des zooms et autres mouvements ostentatoires dans l’image afin de dynamiser un montage qui n’en demandait pas tant !  A trop répéter les mêmes gimmicks (on a même droit à un zoom sur un doigt d’honneur), le cinéaste en vient à effacer les notions de cadre et d’action oubliant que l’un comme l’autre obéissent à des règles élémentaires à exploiter et/ou pirater avec intelligence sous peine de friser la crise d’épilepsie.  Le film ayant été visionné en 2D, on vous laisse deviner l’état de vos yeux en 3D ! D’où l’impression de se retrouver devant une espèce de gloubiboulga visuel, composé à 90% de plans truqués. Dommage car quand il ne cède pas à l’hystérie numérique, R.I.P.D. ne manque pas d’atouts qui pourraient le rendre sympathique. A commencer par un second degré salutaire et entièrement porté par son duo vedette. Toujours aussi impérial, Jeff Bridges nous refait le coup du cowboy grognon façon True Grit mais avec cette désinvolture qui fait toute sa grandeur. D’une bonne humeur communicative, il insuffle un peu de folie dans un ensemble trop sage. A ses cotés, Ryan Reynolds, égal à lui même, offre un efficace contrepoint sans jamais essayer de voler la vedette à son imposant équipier. Des fulgurances rares mais à mettre certainement au crédit de David Dobkin (Echange Standard,  Serial noceurs) dont on devine que la contribution au scénario visait à créer une dynamique comique là où il n’y en avait pas. Et pour le coup ça marche partiellement : il suffit de voir Bridges trainer son spleen à l’accordéon ou jouer les ours mal léchés pour deviner qu’il y avait là un vrai potentiel à exploiter. Malheureusement, au jeu du rapport de forces, on devine que Hay et Manfredi ont eu l’ascendant. Autant de mauvais points qui font de R.I.P.D. un ratage plus ronflant que fascinant qui aurait pu se relever de la réussite mineure s’il n’avait cédé à une hystérie visuelle complétement artificielle et beaucoup trop voyante.

 

Faussement tonitruant, R.I.P.D aurait gagné à se reposer davantage sur son duo vedette et à offrir un meilleur bestiaire. Le M.I.B. du pauvre !

 

 



Powered by Preview Networks